Capitale du Japon, Tokyo est une ville fascinante, qui constitue une étape indispensable si vous comptez visiter ce pays. Aire urbaine la plus peuplée au monde, son gigantisme a de quoi dérouter. Cette mégalopole est si étendue qu’il peut être difficile de savoir par où commencer. Dans ce guide, vous découvrez les principaux quartiers de Tokyo, avec mes conseils pour préparer votre séjour dans cette ville unique.
Tokyo, carte d’identité
Parler de « quartiers de Tokyo » peut être problématique, car cette appellation ne correspond pas forcément à une subdivision administrative officielle. Dans cet article, nous mêlerons parfois plusieurs échelles, afin de mieux coller à la vision d’un touriste. Les puristes me pardonneront cet arrangement avec l’urbanisme local !
Qu’est-ce que Tokyo, au juste ?
Plus grande ville du Japon, Tokyo possède plusieurs découpages, que nous allons passer en revue pour plus de clarté.
L’agglomération de Tokyo, ou « Grand Tokyo »
Nom japonais : 首都圏 (shutoken)
Elle englobe Tokyo et tout l’espace urbain continu, qui s’étale sur toute la région du Kantō. Première aire urbaine au monde par la population et deuxième par la superficie derrière celle de New York, nous n’en parlerons pas ici car elle englobe plusieurs villes parmi les plus peuplées du Japon : Tokyo, Yokohama, Kawasaki et Saitama.
La préfecture métropolitaine de Tokyo, ou « Métropole de Tokyo »
Nom japonais : 東京都 (Tōkyō-to)
Une subdivision administrative très vaste, qui englobe le centre de Tokyo, 26 villes et un district rural dans sa banlieue ouest, mais aussi des archipels du Pacifique. Nous n’en parlerons pas non plus ici, car il s’agit d’un ensemble aussi vaste qu’hétérogène. Pour vous donner une idée, l’une des îles de la préfecture, la très isolée Minamitori-shima, se situe à 1 859 km de la ville Tokyo !
Les 23 arrondissements spéciaux
Nom japonais : 特別区 (tokubetsu-ku)
Les arrondissements spéciaux, aussi appelés (23区, nijūsan-ku), formaient naguère la « ville de Tokyo », une division administrative dissoute en 1943. On peut donc les considérer grossièrement comme le centre-ville de la capitale japonaise, qui abrite tout de même 9,5 millions de personnes.
Les quartiers de Tokyo que nous évoquerons dans cet article se trouvent donc tous à l’intérieur de ces arrondissements spéciaux.
Arrondissements et quartiers
De manière générale, on peut dire qu’un arrondissement (区, ku) contient plusieurs quartiers. Il peut cependant arriver qu’un quartier se trouve à cheval sur deux arrondissements. Par exemple, le célèbre quartier d’Akihabara s’étend sur les arrondissements de Chiyoda et de Taitō. Un même nom peut parfois servir à désigner à la fois un quartier et un arrondissement. C’est principalement le cas de Shibuya et de Shinjuku.
Les 12 quartiers de Tokyo à découvrir absolument
Marunouchi
Nom japonais : 丸の内
Arrondissement : Chiyoda
Commençons cette liste de manière un peu rebelle, avec un nom qui ne vous dit peut-être pas grand-chose. Pourtant, Marunouchi est l’un des quartiers les plus centraux de Tokyo. Son nom (丸の内) signifie littéralement « à l’intérieur du cercle », car il se situait initialement à l’intérieur des douves extérieures du palais impérial.
Il constitue bien souvent le point d’entrée des visiteurs à l’intérieur de Tokyo, car il abrite la fameuse gare de Tokyo. Si cette dernière n’est plus la plus fréquentée de la ville, elle reste la plus emblématique, de par son architecture du début du XXe siècle. Le bâtiment a d’ailleurs été détruit en 1945 par les bombardements américains avant d’être reconstruit, et n’a retrouvé ses célèbres dômes qu’en 2012.
Outre cet édifice, vous y trouverez un quartier d’affaires tout proche du palais impérial 皇居 (kōkyo), ce qui achève de faire de Marunouchi un incontournable pour visiter le centre de Tokyo.
Shibuya
Nom japonais : 渋谷
Arrondissement : Shibuya
L’image de Shibuya est sans doute la première qui vient à l’esprit lorsqu’on pense à Tokyo, voire au Japon tout entier. Mais si, vous savez : un carrefour avec plusieurs passages piétons, dont un en diagonale, entourés de centres commerciaux. C’est le célèbre Shibuya Crossing (渋谷スクランブル交差点, Shibuya sukuranburu kōsaten), tout proche du non moins fameux centre commercial 109 (いちまるきゅう, ichi-maru-kyū).
Si l’arrondissement de Shibuya est bien plus vaste, le quartier du même nom désigne la zone proche de la gare de Shibuya, plus précisément au niveau de la sortie Hachikō. Si ce nom vous est familier, c’est tout à fait normal. A cet endroit se trouve la statue de l’un des chiens les plus connus au monde, un akita appelé Hachikō, qui est venu attendre chaque jour son défunt maître devant la gare, pendant près de dix ans.
Harajuku
Nom japonais : 原宿
Arrondissement : Shibuya
Restons dans l’arrondissement de Shibuya, avec un quartier dont vous avez forcément entendu parler, Harajuku. A partir de la gare de Harajuku, dont l’ancien bâtiment au charme rétro est hélas voué à la destruction, on entre rapidement dans la rue Takeshita (竹下通り, Takeshita-dōri). A vous de voir si les couleurs criardes et le style gothic lolita ou visual kei sont votre tasse de thé, l’endroit reste quoi qu’il en soit au cœur des tendances tokyoïtes.
Toute proche, l’avenue Omotesandō (表参道), surnommée les « Champs-Elysées de Tokyo », propose des boutiques au style plus sage, ainsi que les sempiternelles enseignes de luxe. Si la mode japonaise vous passionne, je vous conseille de vous aventurer dans les petites rues de Ura-Harajuku (裏原宿), qui s’articule autour de la Cat Street (キャットストリート, Kyattosutorīto). C’est là que vous trouverez les boutiques les plus intéressantes du quartier.
A partir de la gare de Harajuku, vous pouvez choisir de partir vers l’ouest pour découvrir deux vastes espaces verts de Tokyo : le parc Yoyogi (代々木公園, Yoyogi kōen) et le sanctuaire Meiji (明治神宮, Meiji-jingū).
Asakusa
Nom japonais : 浅草
Arrondissement : Taitō
Bordé par la rivière Sumida, ce quartier du nord-est de Tokyo a beau être excentré, il n’en reste pas moins un site touristique majeur. L’attrait du lieu tient en un seul nom : Sensō-ji (浅草寺). Ce temple bouddhiste, le plus vieux de Tokyo, est reconnaissable à ses imposantes portes, le Kaminarimon (雷門), littéralement la « porte du tonnerre », et le Hōzōmon (宝蔵門), « porte de la maison du trésor », ainsi qu’à sa pagode à cinq étages.
J’avais d’ailleurs eu la chance d’y aller (sans le savoir !) un jour de Sanja matsuri (三社祭), l’un des trois festivals majeurs de Tokyo.
A quelques minutes à pied du centre d’Asakusa se trouve la rue Kappabashi (合羽橋通り, Kappabashi-dōri), spécialisée dans la vente d’ustensiles de cuisine pour les restaurants. Si vous avez toujours rêvé de vous procurer de la vaisselle traditionnelle ou un couteau japonais, je vous recommande vivement d’y faire un tour.
Shinjuku
Nom japonais : 新宿
Arrondissement : Shinjuku
Sans doute le plus célèbre des quartiers de Tokyo, Shinjuku est en réalité un arrondissement tout entier, à l’image de Shibuya. En tant que quartier, on désigne sous cette appellation la zone située autour de la gare de Shinjuku.
La partie occidentale, Nishi Shinjuku (西新宿), abrite le principal quartier d’affaires de la capitale, ainsi que le siège du gouvernement métropolitain de Tokyo (東京都庁舎, Tōkyō-to Chōsha). Outre son architecture impressionnante, conçue pour évoquer à la fois un circuit électronique et une cathédrale gothique, l’édifice dispose de deux observatoires panoramiques situés à plus de 200 mètres d’altitude. Idéal pour profiter d’une vue imprenable sur Tokyo.
Tout proche de la gare, le secteur de Kabukichō (歌舞伎町) est considéré comme le quartier chaud de Tokyo. Si cette réputation n’est pas entièrement infondée, il reste suffisamment sûr pour profiter sans crainte de sa vie nocturne frénétique, avec sa ribambelle de bars, restaurants et karaokés. Faites simplement attention aux rabatteurs, qui peuvent se montrer insistants.
Plus étriquées mais pas moins emblématiques, l’Omoide Yokochō (思い出横丁) et la Golden Gai (ゴールデン街) valent aussi le détour. La première est une série d’étroites ruelles remplies de minuscules échoppes, dans lesquelles vous pourrez boire un verre et manger sur le pouce. L’endroit est constamment bondé, donc si vous voyez un siège se libérer, foncez ! La Golden Gai, quant à elle, est un endroit au style inimitable : parfaitement calme de jour, elle s’anime autour de 21h et propose plus de deux cents bars, autour de différents thèmes (rock, jazz, punk…).
L’arrondissement de Shinjuku proprement dit regorge d’endroits intéressants, comme Shin-Ōkubo (新大久保), le quartier coréen de Tokyo, ou encore le vaste jardin impérial (新宿御苑, Shinjuku gyoen).
Ueno
Nom japonais : 上野
Arrondissement : Taitō
Lorsqu’on évoque le quartier Ueno, on pense généralement à son parc. Ce qui est bien normal : le parc d’Ueno est non seulement vaste, mais il est aussi particulièrement riche. Il héberge notamment un zoo, une salle de concerts, quatre musées et plusieurs édifices religieux.
Si vous cherchez un endroit où dépenser vos yens, partez en direction d’Ameya-Yokochō (アメヤ横丁), aussi appelé Ameyoko. Dans cette allée marchande à l’allure de souk, vous trouverez absolument tout, des confiseries aux appareils électroniques en passant par les vêtements.
A noter qu’Ueno est l’un des quartiers de Tokyo où l’on trouve le plus de sans-abris, qui viennent rappeler que derrière sa façade de prospérité, le Japon possède son lot de problèmes sociaux.
Ginza
Nom japonais : 銀座
Arrondissement : Chūō
Si Ueno est souvent considéré comme un quartier populaire de Tokyo, Ginza est l’exact opposée : resté jusqu’à la fin des années 80 le quartier commerçant le plus cher au monde, il conserve sa réputation de temple du luxe. Vous y trouverez principalement des enseignes de marques prestigieuses (Dior, Vuitton, Seiko…) et des grands magasins, le plus connu étant Wako avec son style art déco.
Même si les boutiques haut de gamme ne sont pas votre tasse de thé, je vous recommande de visiter le quartier le week-end ou les jours fériés. L’artère principale, Chuo-dori, est alors interdite à la circulation automobile et se transforme en véritable Hokōsha Tengoku (歩行者天国), soit un « paradis pour piétons » ! Vous pourrez alors déambuler tranquillement dans le quartier et profiter de ses façades clinquantes.
Akihabara
Nom japonais : 秋葉原
Quartier : Chiyoda, Taitō
Mondialement connu pour sa Denki gai (電気街), soit la « ville électrique », Akihabara est en quelque sorte la terre sainte des passionnés de jeu vidéo, de manga et d’anime.
Dans la période d’après-guerre, cet endroit était surtout connu comme une sorte de bazar dans lequel il était possible de trouver du matériel électroménager à bas prix, parfois au marché noir. Peu à peu, il s’est reconverti dans l’électronique, les jeux vidéo et dans la culture otaku.
Le quartier d’Akiba, comme il est généralement surnommé, a donné naissance au terme Akiba-kei (秋葉系 ou アキバけい), soit le « style Akiba ». Il désigne les personnes passant énormément de temps sur place, notamment dans les boutiques locales ou les maid cafés (メイドカフェ, meido kafe), sortes de salons de thé où les serveuses sont habillées comme des domestiques.
Akihabara possède en outre ses propres groupes d’idols (アイドル, aidoru), des formations musicales généralement féminines, le plus connu étant sans doute AKB48, qui se produisent dans des salles de concert locales.
Même si la culture otaku vous laisse indifférent, Akihabara est à voir au moins une fois, tant il est est emblématique de l’une des facettes du Japon contemporain.
Ikebukuro
Nom japonais : 池袋
Arrondissement : Toshima
Situé au nord de Shinjuku et s’articulant autour de la gare d’Ikebukuro, la troisième plus fréquentée de Tokyo, ce quartier est surtout connu des touristes pour ses nombreuses boutiques. Ce secteur est en effet considéré comme un « petit Akihabara », tant il est à même de satisfaire les otaku.
Impossible de ne pas mentionner la tour Sunshine 60, qui comporte comme son nom l’indique 60 étages, pour une hauteur de 239,7 m. Au sommet du bâtiment se trouve un observatoire offrant une vue imprenable sur Tokyo. Si vous ne souhaitez pas vous acquitter des frais d’entrée, une astuce : les étages directement en dessous possèdent des baies vitrées qui vous permettront de profiter du paysage, pourquoi pas en prenant un café. Au pied de l’édifice s’étend le complexe de Sunshine City, qui comprend une galerie marchande, un aquarium et, plus étonnant, un musée de l’antiquité proche-orientale.
Si le nom de ce quartier vous dit quelque chose, c’est normal. Il a été popularisé par une série de romans intitulée Ikebukuro West Gate Park, déclinée en drama, manga et anime. Notez pour finir que la chouette est l’emblème du quartier. En japonais, cet oiseau se nomme 梟 (fukurō), nom dont la prononciation est proche du deuxième kanji d’Ikebukuro, 袋 (fukuro).
Odaiba
Nom japonais : お台場
Arrondissement : Minato, Kōtō, Shinagawa
Plus qu’un quartier, Odaiba est une île artificielle construite en 1853 sur ordre du shogun de l’époque, Tokugawa Ieyoshi, pour défendre la baie de Tokyo d’une attaque par la mer. Loin de son rôle militaire d’origine, elle est aujourd’hui un lieu de divertissement très prisé des Tokyoïtes.
Accessible via l’impressionnant Rainbow Bridge, l’île étonne tout d’abord par son front de mer, avec notamment le siège social de Fuji TV et une réplique de la statue de la Liberté. Elle possède en outre ce qui est peut-être l’unique plage de Tokyo. La baignade y est néanmoins déconseillée.
Parmi les autres curiosités d’Odaiba, on trouve le Tokyo Big Sight , palais des congrès qui héberge notamment le Comiket, et le centre commercial DiverCity, devant lequel se dresse une étonnante statue de Gundam ! De nombreux musées et parcs achèvent de faire d’Odaiba une destination très prisée le week-end.
Roppongi
Nom japonais : 六本木
Arrondissement : Minato
Roppongi est généralement considéré par les Japonais comme le quartier par excellence des expatriés et de la vie nocturne. Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux militaires américains s’y sont installés, donnant au lieu sa coloration occidentale. La nuit, Roppongi propose une sélection de bars, restaurants et boîtes de nuit parmi les plus réputés de Tokyo.
Depuis le début des années 2000, le quartier s’articule autour de la zone de Roppongi Hills, dominée par l’imposante Mori Tower (238 m). En plus d’un musée d’art et d’un centre commercial, la tour dispose de son propre parc, dans lequel il est possible d’admirer les cerisiers en fleur.
Contrairement à une idée répandue, la tour de Tokyo ne se trouve pas directement à Roppongi, mais dans un quartier proche nommé Shibakōen. Il est toutefois possible de s’y rendre en une vingtaine de minutes. Si vous faites le déplacement, ne manquez pas le très joli temple bouddhiste local, le Zōjō-ji.
Shimokitazawa
Nom japonais : 下北沢
Arrondissement : Setagaya
Terminons ce tour d’horizon par un quartier moins connu et moins central, mais qui ne manque pas de charme. Facilement accessible en train depuis les gares de Shinjuku ou Shibuya, Shimokitazawa peut être décrit comme un lieu rétro, voire un peu hipster. Dans son dédale de ruelles, vous trouverez d’innombrables boutiques de vêtements, de bibelots, de vinyles d’occasion… En plus d’une grande variété de cafés.
Shimokitazawa est donc une destination de choix si vous souhaitez étoffer votre garde-robe ou vous détendre loin de l’agitation du centre-ville.
Quels quartiers de Tokyo visiterez-vous ?
J’espère que cette sélection vous a plu et vous a donné envie de découvrir ces différents quartiers de Tokyo. Il ne s’agit évidemment pas de tous les passer en revue, dans la mesure où la capitale regorge d’endroits qui valent le détour. Je ne les ai de toute manière pas tous visités moi-même. Ne vous étonnez donc pas si vous n’y retrouvez pas votre lieu préféré !
Vous pouvez donc considérer ce guide comme une boîte à idées dans laquelle piocher pour un premier (voire un second) séjour sur place. Si vous avez déjà visité certains de ces quartiers de Tokyo et souhaitez donner votre avis dessus, ou encore en proposer d’autres, on se donne rendez-vous dans les commentaires.