C’est bon, votre décision est prise : vous allez partir au Japon. Félicitations ! Ce séjour sera une superbe récompense pour les efforts que vous avez déployés avec la langue. Forcément, vous avez envie que ce premier voyage au Japon soit aussi réussi que possible. C’est bien normal ! Ce pays étant situé à l’autre bout du monde, vous n’avez pas souvent l’occasion de vous y rendre. Voici donc douze conseils pour en revenir avec des souvenirs inoubliables.
A la découverte du Japon.
La découverte de l’Archipel figure en bonne place parmi les raisons d’apprendre le japonais. Parfois caricaturé, souvent fantasmé, il conserve une réputation de destination exotique, presque en dehors du temps. Cette image peut vous donner l’impression qu’il s’agit d’un pays difficile d’accès, alors qu’il n’en est rien. Il est loin, le temps où le coût de la vie le rendait inaccessible à une partie des Occidentaux ! Le cours du yen, relativement faible depuis l’après-COVID, en fait même un endroit accessible à la plupart des bourses.
Même s’il se situe à l’autre bout du monde, le Japon est donc à votre portée. Nul besoin d’être un globe-trotteur pour y aller, vous aurez simplement besoin de quelques connaissances et d’un peu d’organisation. Cet article vous aidera à surmonter vos appréhensions et à organiser un premier voyage au Japon qui ne vous décevra pas, mais aussi à éviter certains pièges qui pourraient le rendre moins agréable.
Réussir votre premier voyage au Japon : mode d’emploi
Ne pas attendre indéfiniment
Commençons par un conseil fondamental : ne repoussez pas éternellement votre projet de voyage. Peut-être n’avez-vous pas le bon niveau, pas réussi le LPT niveau 5… franchement, peu importe. Il n’existe pas de « meilleur moment » pour partir. Une chose en tout cas est sûre : si vous l’attendez passivement, il ne viendra jamais.
S’il peut être intéressant de posséder les fondamentaux en japonais (nous y reviendrons), il n’y a pas de prérequis pour partir au Japon. Vous voulez y aller pendant vos prochaines vacances ? Allez-y, tout simplement.
Quelle durée pour quel format ?
Première étape de votre planification : demandez-vous dans quelles conditions vous partez au Japon. S’agit-il d’un simple séjour de tourisme ? Y allez-vous prendre des cours de japonais ou dans le cadre d’un programme vacances-travail ? Prévoyez-vous de partir deux semaines, un mois, six mois ? Avez-vous déjà un hébergement sur place ou devez-vous en chercher un vous-même ?
Les réponses à ces questions conditionneront votre budget, votre organisation et vos démarches. Plus votre voyage sera complexe, plus vous devrez vous y prendre à l’avance. Ce qui nous amène au point suivant.
Planifier à l’avance… sans tout contrôler
Le Japon étant une destination lointaine, il est nécessaire de commencer à faire vos réservations avec un peu d’avance, notamment en ce qui concerne le transport. Pour une première fois, mieux vaut se laisser un délai de trois mois pour disposer d’options en nombre suffisant. Par exemple, si vous comptez partir au mois d’août de cette année, vous auriez intérêt à commencer vos recherches dès maintenant. Ne tardez pas !
S’il est un peu tard, ne jetez pas pour autant votre projet à l’eau. Essayez tout de même de garder au minimum un mois de battement, sinon vous risquez de vous retrouver avec des vols soit peu pratiques, soit excessivement chers. Pour l’avion, le plus tôt sera le mieux, le reste peut attendre. Inutile donc d’établir un calendrier précis de vos journées six mois avant votre départ !
Le visa et les documents essentiels
Comme tout pays extérieur à l’Union européenne, le Japon impose un passeport en cours de validité pour toute la durée du séjour. N’espérez donc pas y entrer muni de votre seule carte d’identité. Si vous ne disposez pas du précieux sésame, faites-le faire aussi tôt que possible. Il serait dommage de ne pas pouvoir décoller parce que les démarches ont trop traîné.
Concernant le visa, le Japon est particulièrement généreux. Les ressortissants d’un grand nombre de pays (dont la France, la Belgique, la Suisse, le Canada…) peuvent séjourner pour une durée de 90 jours sans visa. Pour les autres cas, consultez cette page ou rapprochez-vous de l’ambassade du Japon dans votre pays.
Une astuce : il est possible qu’on vous remette un formulaire de débarquement à la fin de votre vol. Pensez à noter l’adresse de votre hébergement pour la reporter sur ce document, que vous remettrez ensuite au personnel de l’aéroport.
Trouver le meilleur moment pour chaque lieu
Avec ses 377 930 km2 de superficie, le Japon est moins vaste que la France métropolitaine (551 695 km2), mais il est plus étendu sur un axe nord-sud. Il possède également des saisons très marquées. En résulte une grande variété de climats en fonction de l’endroit et du moment de l’année. Pour vous donner un exemple, en janvier, tandis qu’il fait en moyenne -3° à Sapporo (Hokkaidō) en janvier, il fait 17° à Naha (Okinawa).
Sauf si vous prévoyez un voyage au long cours, mieux vaut donc vous concentrer sur une région et préparer votre bagage en fonction. Par exemple, j’ai eu la chance d’aller deux fois au Japon en 2019 : une première fois en février à Hokkaidō, donc avec des températures souvent négatives (jusqu’à -15° à Asahikawa, la « ville la plus froide du Japon »), puis une seconde en octobre à Kyūshū, où j’ai souvent pu sortir en t-shirt. En fonction du moment de l’année, vous aurez donc intérêt à privilégier ou éviter certaines destinations. Par exemple, en été, le sud et le centre du pays sont étouffants, tandis que le nord est plus agréable.
Autre critère à prendre en compte : les périodes pleines et creuses. Certaines dates sont plus prisées que d’autres, notamment la fameuse Golden Week (ゴールデンウィーク), pendant laquelle les Japonais prennent leurs congés. Faites également attention aux fêtes et événements. J’ai pris beaucoup de plaisir à voir le festival de la neige de Sapporo (さっぽろ雪祭り), mais celui tombait en plein Nouvel an chinois, la ville était donc prise d’assaut de touristes à la fois japonais et étrangers, avec des prix des hébergements stratosphériques.
Eviter de vouloir trop en faire
Une erreur classique que je vois sur des groupes Facebook consacrés au Japon : des aspirants voyageurs demandent l’avis de la communauté sur l’itinéraire qu’ils ont préparé. Dans l’écrasante majorité des cas, il est beaucoup trop ambitieux par rapport à la durée prévue.
Il est normal de vouloir en faire le plus possible, surtout si c’est un voyage que vous attendez depuis longtemps. Mais vous prenez le risque de vous épuiser et de tout faire en quatrième vitesse. Vous voulez visiter Tokyo, Kyoto, Osaka, Hiroshima, Nikkō et même Yakushima en l’espace de deux semaines ? C’est théoriquement possible, mais non seulement vous allez passer votre temps dans les transports, mais vous finirez en plus très frustré de ne pas avoir pu explorer ces lieux à votre rythme.
Par conséquent, faites simple. Comme le disait Antoine de Saint-Exupéry, lui-même grand voyageur :
“La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer.”
Il est préférable de vous concentrer sur une zone et de prendre le temps de la découvrir. Par exemple, lors de mon premier voyage, j’ai consacré une première semaine à Osaka, Nara, Kyoto, avant de passer une semaine entière à Tokyo. Même en élaguant ainsi, j’ai dû renoncer à plusieurs lieux de Kyoto par manque de temps. Lors de mes séjours suivants, j’ai à chaque fois passé deux semaines respectivement à Hokkaidō et Kyūshū, avec à chaque fois de douloureux sacrifices !
Vous trouverez des propositions d »itinéraires sur Internet, par exemple sur Le Routard, ou bien dans des guides comme le très bon Kotchi kotchi. Vous pouvez également consulter mon guide des quartiers incontournables à Tokyo.
Prendre une assurance voyage
L’Union européenne a cela de fantastique qu’elle offre une carte d’assurance maladie valable dans tous ses pays membres. Le Japon ne propose pas cet avantage. Pire : si vous avez un problème de santé grave, la facture pour le rapatriement risque aussi salé que vos larmes quand vous la lirez.
Les accidents graves n’arrivant pas qu’aux autres, souscrivez une assurance voyage adaptée à vos activités. Elle pourra être très simple si vous comptez seulement vous balader dans Tokyo, ou plus fournie si vous souhaitez faire du ski à Niseko. Renseignez-vous auprès de votre assureur ou orientez-vous vers un spécialiste comme Chapka. Une astuce : certaines cartes de crédit comportent une assurance voyage parmi leurs services, potentiellement suffisante pour vos besoins.
Prévoir hébergements et déplacements, sans stress
Ne tournons pas autour du pot : le Japon connaît un problème de sur-tourisme. Certaines zones, notamment le quartier historique de Kyoto, peuvent être submergées par les visiteurs. Malheureusement, l’offre en hébergements ne suit pas toujours. Autrement dit, il n’y en aura pas pour tout le monde ! C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on rencontre de plus en plus de love hotels sur les sites de réservation classiques : tout simplement pour pallier la pénurie de logements. Si vous comptez visiter un endroit touristique en période pleine, pensez donc à faire vos réservations à l’avance. Vous éviterez ainsi de devoir choisir entre des lieux chers, excentrés ou peu pratiques.
Concernant les transports, vous avez plus de latitude. Il est très facile d’acheter un ticket de train (local ou Shinkansen) ou de car peu de temps avant votre trajet. On est loin des pratiques de notre SNCF ! Concernant le car, une option sous-estimée au Japon, il peut être utile de faire vos recherches avant votre départ. Il existe de nombreuses lignes très commodes pour se déplacer entre les villes, mais les informations sont rares et souvent uniquement disponibles en japonais.
Retirer de l’argent avant de partir
Si les mentalités commencent à changer, le Japon reste un pays où l’argent liquide est roi. Ne vous étonnez donc pas si un commerce refuse votre carte bancaire. Pour cette raison, il est intéressant de définir un budget et d’acheter des yens avant de partir. De cette manière, vous éviterez des frais de retrait ou de paiement sur votre carte et vous pourrez choisir le taux de change le plus intéressant. Avant de partir, veillez à diviser votre argent à l’intérieur de votre bagage cabine. Surtout pas dans le bagage en soute, qui pourrait se perdre en cours de route !
Si vraiment vous devez retirer de l’argent sur place, mieux vaut le faire dans une banque, un konbini voire un bureau de poste, sous la forme d’un retrait unique pour le reste du séjour. Pour finir, même si le Japon est sûr, veillez à laisser la majeure partie de votre argent à l’hôtel et de ne prendre sur vous que ce dont vous avez besoin.
Voyager léger
Un travers très courant, qui n’est pas propre au Japon : vous serez peut-être tenté d’emporter trop de bagages. A moins d’avoir des activités très spécifiques, avez-vous vraiment de deux énormes valises et d’un second bagage cabine ? Probablement pas. Pour un séjour n’excédant pas un mois, mieux vaut donc vous contenter d’un gros sac à dos ou d’une valise à roulettes et d’un petit sac pour emmener vos affaires essentielles lorsque vous sortez. Vous réduirez au passage le prix de votre billet d’avion, alors pourquoi s’en priver ?
Le Japon est un pays moderne, où vous trouverez tout ce dont vous avez besoin, où l’on utilise beaucoup les transports en commun. Il sera plus facile de vous déplacer avec un nombre de bagages réduit, sans gêner les autres passagers.
Vous tenez tout de même à emporter l’intégralité de vos possessions terrestres avec vous ? Il existe au Japon un service très pratique appelé takkyūbin (宅急便), qui permet de faire livrer des bagages d’un point à l’autre de l’Archipel. Renseignez-vous avant de partir si vous souhaitez y avoir recours.
Une dernière chose : pensez à garder un espace libre dans vos bagages. Je peux vous garantir que vous aurez envie d’acheter des choses sur place et d’en rapporter chez vous. Ne le niez pas, on le fait tous.
Se faire des amis avant de partir
Rien de tel pour découvrir un pays que de le faire au contact de ses habitants. S’il s’agit de votre premier voyage au Japon, il est possible que vous ne connaissiez personne sur place. Dans ce cas, pourquoi ne pas prendre un peu d’avance ?
Si vous apprenez le japonais, la meilleure solution reste de créer un compte sur un site ou une application permettant de rencontrer des correspondants étrangers, comme HelloTalk ou Tandem. Il vous faudra sans doute faire un peu de tri avant de trouver la perle rare (certaines personnes se croient sur un site de rencontre…), mais vous pourrez y rencontrer des Japonais souhaitant apprendre le français, qui deviendront des amis. Vous pourrez alors les retrouver lorsque vous irez au Japon.
Apprendre la langue
Ce dernier point ne devrait pas être une surprise. Après tout, Ganbare est un site d’apprentissage du japonais. Ce n’est pas l’unique raison derrière ce conseil : le niveau local en langues étrangères est ce qu’il est, autrement dit pas très élevé. Ne vous attendez pas à ce qu’on vous parle en français : ça m’est arrivé une fois en tout et pour tout. L’anglais est plus pratiqué mais reste rudimentaire, même dans les endroits touristiques. Il est même fréquent que les personnes âgées le maîtrisent mieux que les jeunes !
Des bases en japonais sont donc un prérequis indispensable si vous voulez interagir avec la population. Heureusement, les Japonais seront ravis (voire soulagés !) si vous leur indiquez que vous parlez leur langue. Vous pouvez voire cette situation comme une chance : si vous voulez interagir avec des Japonais, vous aurez une autoroute pour pratiquer votre japonais.
Vous pouvez réussir votre premier voyage au Japon
J’espère que cet article vous aura aider à mieux vous projeter dans votre projet. Si vous deviez n’en retirer qu’un enseignement : vous avez toujours rêvé de découvrir ce pays, sans oser franchir le pas ? Faites-le. Le Japon est beaucoup plus accessible que vous ne l’imaginez. Si vous avez besoin d’aide pour préparer votre voyage de A à Z, vous pouvez vous tourner vers ma formation « Langues sans frontières » (sur Le Monde des Langues).
Pour finir, si vous découvrez le blog, sachez que vous pouvez recevoir un guide de conversation en même temps qu’un kit de bienvenue très complet (c’est gratuit). Il vous permettra de connaître les phrases essentielles à employer lors d’un premier voyage au Japon.