L’écriture japonaise (2/3) : comment apprendre les hiragana

Publié par Pierre, le 22 avril 2022

Temps de lecture :  minutes


Continuons notre découverte de l’écriture japonaise en nous demandant, cette fois, comment apprendre les hiragana. Maîtriser ces caractères aux formes arrondies sera la première grande étape de votre parcours. Si la perspective de mémoriser une quarantaine de lettres n’est pas très engageante, rassurez-vous : le fonctionnement des hiragana (et des kana de manière générale) est d’une simplicité enfantine et d’une logique à toute épreuve.

L’histoire des hiragana

Une écriture cursive adaptée des kanji

Comme nous l’avons vu dans la première partie de notre dossier consacré à l’écriture, les hiragana dérivent des man’yōgana. Apparus au VIIe siècle, ces derniers proviennent eux-mêmes des kanji, les fameux caractères chinois, tracés dans le style sōsho (草書). Cette écriture cursive est pensée pour écrire rapidement, en ne gardant que la forme générale du caractère d’origine.

Les man’yōgana, quant à eux, délaissent la valeur sémantique du caractère d’origine (c’est-à-dire son sens), pour n’en conserver que la valeur phonétique (c’est-à-dire sa prononciation).

Ainsi, chaque man’yōgana est une lettre permettant de transcrire à l’écrit une syllabe de la langue japonaise.

Une écriture féminine ?

Pendant une partie de leur histoire, les hiragana ont été considérés comme une forme simplifiée de l’écriture japonaise. Les hommes des classes supérieures les ont donc longtemps dédaignés, leur préférant les kanji écrits dans un style régulier (appelé kaisho, 楷書). En revanche, les femmes, disposant souvent d’un niveau d’éducation moindre, les ont très vite adoptés.

Cette distinction genrée a d’ailleurs donné deux termes très intéressants en japonais. D’un côté, otokode (男手), littéralement « main d’homme », pour désigner l’écriture en kanji, considérée comme masculine. De l’autre, onnade (女手), « main de femme », qui désigne, vous l’aurez deviné, l’écriture en hiragana.

La période médiévale japonaise a d’ailleurs vu fleurir une très riche littérature féminine, à commencer par le célèbre Dit du Genji (源氏物語, Genji monogatari), écrit au XIe siècle par une écrivaine connue sous le nom de Murasaki Shikibu. Rédigé par une femme à l’intention d’un public féminin, il est composé intégralement en hiragana.

Dit du Genji
La plus ancienne version du Dit du Genji à être parvenue jusqu’à nous. Vous remarquerez sans mal quelques hiragana (source).

Une adoption progressive

Par la suite, les hommes se mettent eux aussi à employer les hiragana, en les réservant toutefois à leur correspondance privée. Les kanji et katakana restent quant à eux utilisés dans les publications officielles et scientifiques. Durant l’époque d’Edo (1600-1868), l’usage des hiragana reste peu standardisé : il est ainsi courant de trouver plusieurs caractères servant à retranscrire le même son.

En 1900, une importante réforme de l’écriture impose une standardisation des kana (hiragana et katakana) et fixe les caractères tels que nous les connaissons aujourd’hui. Les kana en excédent se retrouvent alors relégués au rang de hentaigana (変体仮名, « kana variants »). De nos jours, ces hentaigana servent principalement à donner un aspect archaïsant à un texte, mais ils ne sont plus utilisés en japonais standard.

Les hiragana : pour quoi faire ?

Une double fonction

Pour bien apprendre les hiragana, il est important de comprendre leur rôle dans la langue japonaise. Avant d’entrer dans les détails, on peut affirmer qu’ils répondent à deux fonctions majeures :

  1. Ils sont « l’écriture de base » du japonais : il est théoriquement possible d’écrire une phrase entière en remplaçant tous les kanji par des hiragana. C’est d’ailleurs le cas dans les livres pour enfants.
  2. Ils servent à noter la grammaire : tous les éléments susceptibles de subir une modification, c’est-à-dire principalement les verbes et les adjectifs, reçoivent une terminaison écrite en hiragana. Ces derniers sont en quelque sorte la « colle » qui lie les éléments de la phrase japonaise.

L’histoire permet à nouveau de comprendre ce double emploi des hiragana. Pour le premier cas, les hiragana ont été créés comme un moyen commode d’écrire le japonais de manière rapide et phonétique.

Dans le second, ils apportent une solution à une mauvaise adéquation des caractères chinois à la langue japonaise. Par exemple, il n’existe pas de temps grammaticaux dans la conjugaison chinoise (passé, présent, futur). Le moment de l’action est indiqué par un adverbe de temps (comme « aujourd’hui’, « maintenant » ou « hier » en français).

Problème : la conjugaison japonaise possède bien des temps grammaticaux. Il faut donc « tricher » en écrivant un caractère chinois suivi de hiragana qui donnent le temps du verbe.

Dans le détail

Par conséquent, on peut dire que les hiragana répondent aux usages ci-dessous.

Pour écrire en hiragana plutôt qu’en kanji

Certains mots japonais s’écrivent préférentiellement en hiragana, en tout cas dans le langage courant. Par exemple, « merci » se dit ありがとう (arigatō) et se note généralement en hiragana. Il est également possible d’écrire 有難う ou 有り難う, donc avec des kanji, mais cet usage est extrêmement formel.

Dans des textes à destination des enfants ou des apprenants, il est également courant de trouver un mot en hiragana plutôt qu’en kanji. De la même manière, lorsqu’un Japonais ne sait pas écrire un mot en kanji, il aura tendance à le faire en hiragana.

Pour finir, certains kanji sont considérés comme rares ou complexes, on leur préfère donc les hiragana. C’est souvent le cas pour les noms de plantes ou de fruits, comme 苺 (ichigo, « fraise »), que vous verrez plus souvent en hiragana (いちご), voire en katakana (イチゴ).

Pour les mots qui s’écrivent uniquement en hiragana

Avec certains termes, vous n’aurez de toute façon pas le choix : ils s’écrivent seulement en hiragana.

Dans cette catégorie, on trouve principalement des adjectifs comme しんどい (shindoi, « dur, épuisant ») ou des adverbes comme せめて (semete, « au moins »).

Il existe un grand nombre d’adverbes écrits uniquement en hiragana, reconnaissables à leur caractère onomatopéique et à leur terminaison en -ri. Par exemple : ゆっくり (yukkuri, « lentement, sans précipitation ») ou さっぱり (sappari, « complètement »).

Pour les onomatopées

Vous n’avez pas fini d’entre parler des onomatopées, ces mots fascinants basés sur des sons, que l’on retrouve partout en japonais. S’il est courant de les voir écrits en katakana, plus rarement en kanji, il est préférable d’utiliser les hiragana pour une partie d’entre eux.

Ainsi, des onomatopées comme わくわく (wakuwaku), qui communique une idée de plaisir et d’enthousiasme, ou ぴんぴん (pinpin), le fait d’être plein d’énergie, se rencontrent surtout en hiragana.

Pour noter la grammaire

Lorsqu’ils sont utilisés comme terminaison des verbes et des adjectifs, les hiragana sont appelés okurigana (送り仮名, « kana d’accompagnement »). Dans ce cas, un mot se compose d’une partie invariante en kanji et d’une terminaison en hiragana.

Par exemple, le verbe « boire » s’écrit 飲む (nomu). Il est donc composé du kanji 飲, qui se prononce no, et de la terminaison む, qui se prononce mu. A présent, voyons quelques-unes de ses formes conjuguées :

Forme

Conjugaison

Transcription

Neutre présent/futur


nomu

Neutre passé

んだ

nonda

Poli présent/futur

みます

nomimasu

Poli passé

みました

nomimashita

Continuatif

んで

nonde

Négatif

まない

nomanai

Même si ces différentes conjugaisons sont encore un mystère, vous remarquerez sans difficulté l’essentiel : à chaque fois, à un kanji, 飲, s’ajoute une terminaison en hiragana.

Il en va de même pour les adjectifs. Par exemple, 嬉しい (ureshii, « content, joyeux ») se compose de deux parties : 嬉, qui se prononce ure, et la terminaison しい, qui se prononce shii.

En japonais, les adjectifs ont la particularité de se « conjuguer ». La terminaison en -shii de ureshii est donc elle aussi susceptible de subir des transformations. Mais n’allons pas trop vite en besogne !

Pour les particules grammaticales

La grammaire japonaise est construite autour de particules, qui se placent après un mot pour en indiquer la fonction. Ces particules s’écrivent elles aussi en hiragana. On trouve par exemple la particule du sujet, が (ga), la particule de possession の (no) ou encore la particule de provenance ou de cause から (kara).

Remarquons au passage que certaines particules constituent l’une des (très) rares exceptions dans la prononciation japonaise. Les coupables de ce méfait sont は (particule du thème), を (particule d’objet direct) et へ (particule de direction).

Particule

Ecriture en hiragana

Prononciation de la particule

Prononciation normale du hiragana

Thème (information nouvelle)

wa

ha

Complément d’objet direct

o

wo

Direction

e

he

Si vous avez peur de vous tromper, soyez sans crainte : ces particules sont tellement fréquentes qu’on apprend très vite leur prononciation.

Pour finir sur ce point, notons que certaines particules peuvent s’écrire en kanji. Par exemple, il est possible d’employer 之 à la place de の (no) pour indiquer la possession. Dans les faits, ce n’est presque jamais le cas en japonais standard.

Pour indiquer la prononciation des kanji (furigana)

Vous avez des sueurs froides à l’idée de tomber sur un kanji dont vous ne connaissez pas la prononciation ? Eh bien figurez-vous que les Japonais eux-mêmes rencontrent régulièrement ce problème !

Pour y remédier, ils ont créé un système baptisé furigana (振り仮名, « kana assignés »). Les furigana se placent au-dessus d’un kanji, ou à côté dans un texte écrit à la verticale, et indiquent sa prononciation. Il est très courant d’en trouver dans les manuels, les manga, les romans ou même pour accompagner des noms propres dont la prononciation n’est pas évidente.

Le mot furigana, dans lequel chaque kanji est surmonté d’un furigana indiquant sa prononciation.

Pour indiquer la lecture kun d’un kanji

Un usage plus spécialisé, mais qui pourrait vous rendre service : dans les manuels, la lecture kun d’un kanji est indiquée en hiragana. Pour rappel, il s’agit de la prononciation « à la japonaise » d’un caractère, par opposition à la lecture on, « à la chinoise ».

Par exemple, si vous cherchez le kanji 風 (« vent ») dans un dictionnaire, vous trouverez sa lecture kun kaze écrite en hiragana, かぜ.

La lecture on, quant à elle, est indiquée dans une autre écriture. Le prochain article vous en dira davantage à ce sujet !

Les 46 hiragana officiels

Le japonais comporte 46 hiragana, plus deux qui sont tombés en désuétude. Ils sont le plus souvent présentés selon un ordre standard appelé gojūon (五十音, « cinquante sons »), qui se présente sous la forme d’un tableau de cinq fois dix cases.

Un syllabaire plutôt qu’un alphabet

Contrairement à notre alphabet composé de voyelles et de consonnes, les kana (hiragana et katakana) constituent un syllabaire. Ici, chaque caractère représente une syllabe entière.

Par exemple, pour écrire « ka » en alphabet latin, il faut associer la consonne k à la voyelle a. En japonais, on utilise simplement le hiragana か (ka).

Dans le tableau, on trouve donc cinq voyelles seules, a, i, u, e et o, représentés par les hiragana あ, い, う, え et お, puis des combinaisons consonne + voyelle. Seule exception : le hiragana ん, qui transcrit un -n final. A l’origine, ce caractère représentait la syllabe « mu » et était une variante du hiragana む, avant d’acquérir un usage spécialisé.

Le tableau des hiragana

Voici le tableau des 46 hiragana officiels. Vous le retrouverez en haute définition dans le kit de bienvenue qui vous est offert en vous inscrivant sur le site.

Sur d’autres tableaux, vous rencontrerez parfois les hiragana ゐ (wi) et ゑ (we), voire 𛀁 (ye). Ils ne sont pas utilisés en japonais moderne, sauf à des fins artistiques. Mieux vaut donc apprendre les hiragana qui vous serviront dans la vie de tous les jours.

Les kana complexes

Les sonorités du japonais ne se limitent pas à ces 46 hiragana. Différentes astuces permettent d’étendre la gamme de sons disponibles. C’est ce que nous allons voir dans les prochains paragraphes.

Les dakuten et handakuten

Il s’agit de deux diacritiques, c’est-à-dire de signes qui modifient la prononciation d’une lettre, un peu comme les accents ou la cédille en français. Ce système très simple fait que vous pouvez former plusieurs syllabes différentes à partir d’un même hiragana : moins de caractères à apprendre !

Le dakuten

Le diacritique le plus important est le dakuten (濁点, « point voisé »), qui transforme une consonne dite sourde en consonne voisée. Il est parfois appelé tenten (点点, « point-point »).

La différence entre les consonnes sourdes et voisées est très simple : dans le premier cas, vos cordes vocales ne vibrent pas quand vous prononcez le son, dans le second, elles vibrent. Faites le test : placez votre main sur votre gorge et prononcez « sssssss » puis « zzzzzzz ». Vous sentirez la différence !

Le dakuten est noté par deux petits traits placés à droite du kana : ◌゙ . Il modifie les consonnes suivantes :

Consonne

Hiragana de base

Hiragana avec dakuten

K

か き く け こ

ka ki ku ke ko

が ぎ ぐ げ ご

ga gi gu ge go

S

さ し す せ そ

sa shi su se so

ざ じ ず ぜ ぞ

za ji zu ze zo

T

た ち つ て と

ta chi tsu te to

だ ぢ づ で ど

da ji zu de do

H

は ひ ふ へ ほ

ha hi fu he ho

ば び ぶ べ ぼ

ba bi bu be bo

Quelques remarques :

  • Le hiragana し (combinaison S+I) donne le son « shi » ([ɕi] en phonétique) et non « si » ;
  • Le hiragana avec dakuten じ se prononce « ji » ([ʑi]) et non « zi ». Les Japonais ont d’ailleurs du mal à prononcer le « si » et le « ji » en français ;
  • Le hiragana ち (combinaison T+I) se prononce « chi » ([tɕi]) et non « ti » ;
  • Les hiragana avec dakuten ぢ et づ sont très rares. En japonais standard, ils se prononcent respectivement « zi » et « zu », mais différemment dans certains dialectes ;
  • Le hiragana ふ est retranscrit fu plutôt que hu, car sa prononciation est plus proche d’un f (sans que les dents ne touchent les lèvres) que d’un h aspiré. Sa version avec dakuten, ぶ, se prononce « bu » ;
  • Pour être tatillon, le passage du H à B ne correspond pas à ce que l’on appelle un voisement. Les linguistes me pardonneront cette simplification !

Le handakuten

Notre deuxième diacritique est le handakuten (半濁点, « point semi-voisé »). Il est représenté sous la forme d’un petit rond à droite du kana : ◌゚ . Sa forme lui vaut son surnom de maru (丸, « cercle »).

Son usage est plus restreint et se limite à transformer le H en P.

Comme rien ne vous échappe, vous aurez remarqué qu’il suffit d’apprendre les hiragana commençant par la consonne H, pour connaître d’un coup tous ceux qui commencent par un B (marqués par un dakuten) et ceux qui commencent par un P (marqués par un handakuten). Pratique !

Voici un récapitulatif :

Hiragana de base : H

Avec dakuten : B

Avec handakuten : P

は ひ ふ へ ほ

ha hi fu he ho

ば び ぶ べ ぼ

ba bi bu be bo

ぱ ぴ ぷ ぺ ぽ

pa pi pu pe po

Vous voyez ? En apprenant cinq caractères très simples, vous saurez tout de suite former pas moins de quinze syllabes différentes.

Le redoublement de consonnes

Le japonais fait la différence entre consonnes simples et doubles. Si vous avez déjà appris une langue comme l’italien, alors vous savez à quel point cette distinction est importante : prononcer une consonne double comme une consonne simple peut changer complètement le sens d’un mot !

Prenons le mot まって (matte), qui peut signifier « attends », soit le verbe attendre à l’impératif. Il se prononce mat-te, donc en redoublant la consonne t.

まって
(mat-te)


Le redoublement de consonne est indiqué par une version miniaturisée de la consonne つ (tsu). Vous l’aurez sans doute remarquée dans まて, qui s’écrit donc « ma + petit tsu + te ».

Attention donc à bien faire le distinguo entre consonne simple et double. Par exemple, si vous prononcez まって (« mat-te ») en ne redoublant pas le t, vous vous retrouverez à dire まて (mate), qui est aussi un impératif pour dire « attends », mais beaucoup plus familier !

まって まて
(mat-te mate)


Une mise en garde importante : contrairement au つ qui se prononce « tsu », le っ (version miniature, donc), ne se prononce pas. Il indique simplement que la consonne qui suit est redoublée. La différence est subtile quand on lit un texte et elle peut être source d’erreurs.

Voici un exemple que j’ai rencontré un jour en faisant un exercice, avec le doublet にき (ni tsuki, « en raison de ») et にき (nikki, « journal intime »). Une lecture plus attentive m’aurait évité de me demander ce que cette phrase pouvait bien vouloir dire !

  
(ni tsuki ≠ nikki)


L’allongement de voyelles

Outre les consonnes, le japonais prend en compte la longueur des voyelles. Si, pour un francophone, une voyelle courte et une voyelle longue ne présentent aucune différence de sens, pour un Japonais, il s’agit bel et bien de sons différents.

En règle générale, il suffit d’ajouter un hiragana « voyelle seule » (donc あいうえお) à un hiragana se terminant par la même voyelle. Par exemple, か + あ = kā, qui se prononce avec un a allongé.

Là aussi, gare aux erreurs. Allonger ou raccourcir à tort une voyelle peut changer le sens d’un mot. Par exemple, おばさん (obasan) désigne une tante ou une femme d’âge moyen, tandis que おばさん (obāsan, soit oba-a-san) fait référence à une grand-mère ou une femme d’âge avancé.

おばさん ≠ おばさん
(obasan ≠ obāsan)


Il existe quelques bizarreries, concernant les voyelles e et o. Sans entrer dans les détails, ces exceptions sont dues à l’origine chinoise de certains mots.

Allonger les e

Il y a deux possibilités. Dans l’immense majorité des cas, il faut ajouter un い (i).

Par exemple, dans le mot せんせい (sensei, « professeur »), le い (i) sert à allonger la voyelle e : « sensee ».

せんせ
(sensei)


Dans le langage oral, un e long peut s’écrire en rajoutant un え. Vous rencontrerez ce cas de figure dans les interjections, comme ええ (« eh ! »)ou encore à la place de -oi ou -ai à la fin de certains adjectifs.

Par exemple, l’adjectif すごい (sugoi, « génial ») peut se dire すげえ (sugee) dans le langage relâché. Si vous êtes adepte des manga, vous tomberez souvent sur ces terminaisons.

Quelques rares noms allongent le e à l’aide d’un え, comme おね​えさん (onē-san, « grande sœur, jeune femme »).

Allonger les o

Là aussi, il y a deux possibilités. La plus courante consiste à ajouter un う (u) après un o. Par exemple, こ + う = kō, à prononcer « koo » et non « ko-u ». Cet allongement concerne surtout les mots d’origine chinoise.

Prenons la capitale du Japon, Tōkyō. On écrit donc ときょ, donc avec deux o longs.

きょ
(toukyou / Tōkyō)


Deuxième possibilité, rajouter un お (o) après un o. Par exemple, dans l’adjectif とい (tooi, « loin »), le お sert à allonger la voyelle o. L’allongement en お se retrouve surtout dans les mots provenant du japonais archaïque.

Prenons une autre grande ville de l’archipel : Ōsaka. En hiragana, on écrit おさか, donc avec un o long.

さか
(oosaka / Ōsaka)


Les combinaisons de hiragana

Abordons le dernier point à connaître pour bien apprendre les hiragana. Pour ce faire, reprenons le nom de la capitale, Tōkyō, ou とうきょう. Vous ne remarquez rien d’étrange ? Mais, si, regardez bien : le kana ょ est plus petit que les autres.

De la même manière qu’il existe un っ, version miniature de つ, il existe trois autres « mini-hiragana » : ゃ, ゅ et ょ (ya, yu et yo).

Ceux-ci peuvent se placer après un hiragana se terminant en -i pour former une combinaison. On dit alors que le son est « palatalisé », c’est-à-dire prononcé avec la langue plus proche du palais (le haut de la bouche).

Il est d’ailleurs possible de former des combinaisons avec des hiragana de base, mais aussi avec ceux comportant un dakuten ou un handakuten. Voici un tableau avec le mini-kana ゃ (ya).

Hiragana en -i

Combinaison

Prononciation

きゃ

kya

ぎゃ

gya

しゃ

sha

じゃ

ja

ちゃ

cha

にゃ

nya

ひゃ

hya

びゃ

bya

ぴゃ

pya


みゃ

mya

りゃ

rya

Il suffit de faire la même chose avec les mini-kana ゅ et ょ pour former des combinaisons comme きゅ (kyu) ou きょ (kyo).

Comment apprendre les hiragana, concrètement ?

Voilà, vous connaissez à présent la logique permettant d’écrire en hiragana. Si retenir 46 caractères peut sembler être une tâche ardue, je vous garantis que c’est en réalité très facile. Voici quelques étapes simples pour réussir à les maîtriser.

Première étape : vous familiariser avec l’écriture

Commencez par prendre le tableau présent dans le kit de bienvenue et amusez-vous à lire puis tracer les caractères. Le sens du tracé est indiqué pour chaque hiragana, vous ne pouvez donc pas vous tromper.

Pour vous faciliter la tâche, vous pouvez utiliser du papier quadrillé : tout caractère japonais est compris dans un carré.

Surtout, résistez à la tentation de « faire des lignes de kana », comme à l’école : cette méthode est une perte de temps et un désastre pour votre motivation.

Deuxième étape : vous entraîner et utiliser la mnémotechnique

Continuez à vous entraîner régulièrement à tracer les caractères. Vous pouvez utiliser du papier libre, ou un cahier d’écriture, comme celui d’Assimil.

En parallèle, vous pouvez utiliser une application mobile comme Memrise ou Duolingo, qui permettent de réviser facilement les kana en utilisant le principe de la répétition espacée

Troisième étape : apprendre les hiragana complexes et pratiquer la lecture

Une fois que vous aurez réussi à apprendre les hiragana de base, penchez-vous sur leurs variantes plus avancées : dakuten, handakuten, consonnes doubles, voyelles longues et combinaisons de kana.

En parallèle, faites énormément de lecture, par exemple avec votre méthode. Ce sera peut-être un peu laborieux au début, mais vous finirez vite par prendre le pli et lire des phrases de plus en plus longues.

Quatrième étape : laissez-vous du temps

Une erreur courante consiste à penser qu’apprendre les hiragana se fait de manière brutale, au pas de course dans les premiers jours de votre parcours, avant de passer à la suite.

C’est tout le contraire : il vous faudra plusieurs mois pour lire et écrire les hiragana de manière parfaitement fluide et intuitive. Donc ne vous découragez pas s’il vous arrive de les oublier ou de les confondre de temps à autre. Ce n’est pas une fatalité.

Prenez votre temps et votre patience sera récompensée au centuple.

Apprendre les hiragana : après la théorie, la pratique

J’ai fait en sorte de rendre cet article aussi complet que possible, avec toutes les informations essentielles pour vous permettre d’apprendre les hiragana.. N’hésitez donc pas à le garder dans un coin et à vous y référer à chacune des étapes listées plus haut.

Pour débuter votre apprentissage, il ne reste plus qu’à télécharger le kit de bienvenue et pourquoi pas imprimer et afficher chez vous le tableau illustré des hiragana.

Je vous souhaite un bon apprentissage et vous donne rendez-vous dans la troisième et dernière partie de ce dossier, dans un article qui vous aidera à apprendre les katakana.


Pierre


Je suis le créateur de Ganbare. Polyglotte et passionné par la culture japonaise, j'ai décidé de mettre à votre service mes meilleures méthodes pour apprendre le japonais.


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Laissez-nous un commentaire

  • Très bon article pour des débutants, avec des extraits phonétiques bienvenues. J’ai apprécié la petite histoire des hiragana, que je connaissais à peu près, mais je ne savais pas que leur « standardisation » était si récente au début du XXème siècle (je suis justement en train de lire des œuvres de cette époque).

    J’ai apprécié aussi que vous donniez les versions kanji des termes comme Handakuten. J’ai juste noté un petit « oubli » pour « lecture kun » (qui s’écrit 訓読み ou « kunyomi ») et « lecture ON » (qui s’écrit 音読み – avec d’ailleurs le premier kanji qui fait bien référence au caractère phonétique du kanji), mais j’imagine que de toute manière, vous allez en reparler en détails dans vos prochains articles consacrés aux kanji, donc ce n’était pas forcément la priorité.

    Je ne savais pas, autrement, que の pouvait s’écrire traditionnellement 之 : c’est bon à savoir.

    Sinon, il est également bien d’avoir donné des conseils méthodologiques pour bien apprendre les kana.

    Au plaisir de lire le prochain billet !

  • C’est vrai, j’aurais pu mettre les kanji pour ces deux lectures. Mais on risque d’en reparler dans de nombreux autres articles, donc l’occasion se présentera !

    J’ai jugé utile de donner le kanji 之 pour の, dans la mesure où on le retrouve dans certains noms anciens et dans des prénoms modernes (comme Shinnosuke – 慎之助).

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