Mon avis sur Assimil japonais : que vaut la méthode star pour apprendre le japonais ?

Publié par Pierre, le 7 septembre 2022

Temps de lecture :  minutes


Quand on pense « méthode de langue », la célèbre méthode Assimil est sans doute la première qui vient à l’esprit. Une majorité d’apprenants du japonais se tourne donc naturellement vers cette ressource pour faire ses premiers pas. Au-delà de sa célébrité et de son omniprésence dans les librairies, que vaut-elle vraiment ? S’agit-il d’un moyen efficace pour débuter votre apprentissage ? Dans ce test, nous examinerons la méthode Assimil japonais, avec ses qualités et défauts, pour voir si elle tient ou non ses promesses.

Qu’est-ce que la méthode Assimil ?

Avant de nous pencher sur le cas précis du japonais, voyons en quoi consiste la célèbre méthode.

Une histoire de famille

Les éditions Assimil constituent un acteur incontournable de l’apprentissage des langues étrangères en France. En 1929, Alphonse Chérel publie l’ouvrage fondateur, le fameux manuel L’anglais sans peine. La méthode se décline par la suite dans d’autres langues (espagnol, allemand, russe, italien) et fait partie des premières à intégrer un support audio sous la forme d’un disque vinyle, dès 1933. De nos jours, l’entreprise est dirigée par le petit-fils du fondateur, Yannick Cherel, et propose plus d’une centaine de langues à son catalogue.

Les produits d’Assimil pour apprendre le japonais

Pour apprendre le japonais, Assimil propose une vaste palette de produits :

  • La méthode principale (aussi appelée « sans peine »), qui vise l’obtention d’un niveau B2 ;
  • Une méthode pour débutants nommé « Objectif Langues », promettant d’atteindre le niveau A2 ;
  • Une méthode intégralement dématérialisée, appelée E-méthode ;
  • Un guide de conversation, pour vous débrouiller lors d’un voyage au Japon ;
  • Un guide sur les kanji ;
  • Des cahiers d’écriture (hiragana, katakana, kanji) et des cahiers d’exercices ;
  • Une grammaire du japonais, rédigée par l’une des auteures de la méthode ;
  • un cahier contenant des QCM pour tester votre niveau (jusqu’au A2).

L’offre pour le japonais est donc riche et variée. Dans ce test, nous nous focaliserons uniquement sur la méthode de base, appelée « Le japonais », aussi connue sous son ancien nom de Le japonais sans peine.

Contenu d’Assimil japonais

Les différentes versions

La méthode de japonais d’Assimil est centrée sur un épais manuel de 864 pages renfermant 98 leçons. Elle se décline en deux versions :

  • Superpack, la plus fournie, qui contient le manuel, ainsi que l’audio des leçons au format physique (5 CD et une clé USB) ;
  • Pack téléchargement, qui ne contient que le manuel et propose les dialogues sous la forme de fichiers mp3 à télécharger.

Le choix entre l’une ou l’autre de ces formules n’a guère d’importance : le contenu reste rigoureusement le même. Il est d’ailleurs possible d’acquérir le manuel seul, sans les audios, ce qui peut être tentant si votre budget est limité. Sauf cas exceptionnel (par exemple si vous avez égaré le livre), je vous déconseille formellement de le faire. Bien que le japonais ait une réputation de langue à la prononciation facile, un apprentissage silencieux vous mènerait droit à l’échec.

Pour que les paragraphes qui vont suivre soient plus explicites, je vous invite à télécharger l’extrait proposé par Assimil sur cette page.

Le principe de la méthode Assimil

Les leçons

Chaque méthode d’Assimil suit un seul et même principe, quelle que soit la langue étudiée : une série de six leçons quotidiennes tournant autour d’un dialogue, suivies d’une septième de révision (まとめ), qui reprend les points vus au cours de la semaine. Eh oui, on ne chôme pas le dimanche chez Assimil, on révise ses acquis.

Chaque leçon « normale » tourne autour d’un dialogue, avec le japonais sur la page de gauche et sa traduction sur la page de droite. Le texte est accompagné de notes qui viennent préciser le vocabulaire, la grammaire ou encore des points culturels propres à la leçon.

La leçon est ensuite suivie de deux exercices (練習) :

  1. Un exercice de traduction, appelé 訳しなさい (« traduisez ») : il demande de comprendre une phrase liée au contexte de la leçon, puis de la traduire en français ;
  2. Un texte à trous, nommé quant à lui 言葉を入れなさい (« remplissez les mots ») : il s’agit ici de retrouver un mot manquant dans une phrase, voire un morceau entier de la phrase.

Le japonais possédant un système d’écriture différent du nôtre, une transcription est proposée en rōmaji et en « pseudo-phonétique », avec nos sons du français. Cette deuxième transcription disparaît plus tard dans l’ouvrage, aux alentours de la 36e leçon. Ce qui n’est d’ailleurs pas un mal, tant elle alourdit la mise en page. Les kanji sont accompagnés de « furigana », petits hiragana qui en donnent la prononciation.

Phase passive et phase active

Passons à présent à un grand pilier d’Assimil qui n’est pas toujours bien compris (ni bien expliqué, du reste), à savoir les phases passive et active.

Le principe est le suivant : jusqu’à la leçon 49, l’apprenant est dans la phase passive. Comme un enfant qui acquiert sa langue maternelle, il s’immerge à travers les dialogues. Il suit alors les leçons comme dans n’importe quelle autre méthode.

A partir de la leçon 50, on entre dans la phase active. L’utilisateur continue son parcours, mais en complément, il doit à chaque fois reprendre une ancienne leçon pour la revoir et traduire le texte du français vers le japonais. C’est ce qu’Assimil appelle la « deuxième vague ». A la leçon 50, vous revoyez donc également la leçon 1, à la leçon 51, la leçon 2, et ainsi de suite. Puis, une fois l’ultime leçon terminée, vous reprenez en phase active à partir de la leçon 50.

En supposant que vous avanciez à raison d’une leçon par jour, la méthode Assimil japonais vous occupera donc pendant 98 + 49 jours, soit près de cinq mois.

Assimil japonais : forces et faiblesses

La méthode Assimil promet donc d’atteindre un niveau B2 au terme de ces cinq mois. Nous verrons si cette promesse est tenue. Commençons par voir ce qui fonctionne plus ou moins bien avec ce manuel.

Points forts : la qualité générale et l’excellence des dialogues

S’il y a bien un domaine dans lequel la méthode « Sans peine » a fait ses preuves, c’est bien ses dialogues. Là où la plupart des manuels se content de textes assez plats, Assimil tire son épingle du jeu avec des dialogues bien écrits, variés et remplis d’humour. Ils sont d’ailleurs agrémentés de petits dessins mettant en scène une phrase tirée de la leçon.

De plus, l’audio est comme d’habitude très propre et bien réalisé. Il est peut-être inutilement lent dans les premières leçons, mais il devient plus rapide par la suite.

Dernier point : le coffret est très esthétique et le manuel est à l’avenant. Ce point peut sembler être une broutille, mais un bel objet donne bien plus envie d’y revenir quotidiennement qu’un livre plus austère.

La maquette est certes un peu chargée dans les premières leçons, avec la double transcription (rōmaji et « pseudo-phonétique »). Par la suite, elle devient plus aérée. Ce n’est pas un luxe car le livre reste relativement compact. Un format A4 eut sans doute été plus agréable, mais tous les manuels d’Assimil ont les mêmes dimensions.

Pour finir, les notes grammaticales et les révisions sont très claires et le manuel propose un lexique assez complet.

Points faibles : une progression trop abrupte et des exercices peu progressifs

Passons à ce qui constitue pour moi le gros défaut de la méthode : son manque de progressivité. En me basant sur mon utilisation de la méthode, puis en y revenant avec un œil aiguisé, je trouve qu’elle va souvent un peu trop vite.

Si les explications sont satisfaisantes, on a constamment la sensation que tout avance à marche forcée. De nombreuses notions sont présentées en peu de temps et la difficulté des exercices monte rapidement en flèche. Je me souviens avoir eu du fil à retordre avec certains textes à trous, par exemple.

A contrario, la méthode conseille de s’imprégner de l’écriture pendant la phase passive, puis de commencer à écrire uniquement au début de la phase active, soit la leçon 50.

De mon côté, je vous recommanderais de vous y mettre le plus tôt possible. Assimil propose d’ailleurs des cahiers d’écriture très bien faits, alors pourquoi vous en priver ? Vous pouvez d’ailleurs les compléter avec leurs cahiers d’exercices. Ces derniers vous offriront davantage de mise en pratique que les seules leçons.

Si la méthode seule me semble un peu abrupte, l’employer avec des supports complémentaires rendra votre progression plus fluide. En revanche, votre apprentissage vous prendra sans doute plus de temps au quotidien que les 30-40 minutes promises.

Une méthode riche… trop riche ?

Parmi mes amis, une blague circule : on raconte que personne n’aurait jamais terminé une méthode Assimil. Je vous rassure, ce n’est pas le cas : je suis venu à bout d’Assimil japonais, ainsi que des deux méthodes d’italien (« Sans peine » et « Perfectionnement »), si vous voulez tout savoir.

Notons au passage que contrairement à certaines langues (anglais, espagnol, italien…), Assimil ne propose pas de méthode « Perfectionnement » pour poursuivre votre apprentissage du japonais. Peut-être un jour ?

Cette parenthèse refermée, explicitons ce point qui n’est ni vraiment une qualité, ni vraiment un défaut. Si on prend en compte la phase active, la méthode représente une charge de travail conséquente. Il faut une certaine volonté et beaucoup d’auto-discipline pour venir à bout des 98 leçons, en plus de la « deuxième vague » des 49 dernières leçons.

Vous me rétorquerez qu’on n’a rien sans rien et je vous donnerai raison. Cependant, mieux vaut vous prévenir : si vous souhaitez exploiter pleinement la méthode, vous devrez vous accrocher.

Des phrases naturelles… jusqu’à un certain point

Autre problématique courante liée aux méthodes : le niveau de langue. Le japonais possède une gramme de registres très large, du plus soutenu au plus familier. La méthode s’efforce de présenter plusieurs niveaux, appelés ici « degré moins » (langage familier, avec les verbes à la « forme dictionnaire »), « degré moyen » (pour la forme en -masu) et « degré plus » (pour les formes très polies).

En résulte un panorama plutôt varié de la langue, même si certaines expressions employées peuvent paraître peu naturelles à des Japonais. Pour vous donner un exemple parlant, un ami m’avait rapporté avoir utilisé どうしたのでしょう? (dōshita no deshō?) qu’il avait pioché dans la méthode. Ses interlocuteurs avaient alors trouvé la formulation un peu maniérée venant d’un homme. Cet écueil n’est pas propre à Assimil en particulier, il reste donc parfaitement excusable.

Dans l’ensemble, le langage présent dans les dialogues reste suffisamment vivant pour s’adapter à la vie de tous les jours, par exemple lors d’un voyage.

La promesse du niveau B2 est-elle tenue ?

Une critique souvent adressée à Assimil concerne le niveau promis sur la couverture. Dans le cas de la méthode du japonais, il s’agiraitt du B2 sur l’échelle du CECR. Autrement dit, un solide niveau intermédiaire.

Nombreux sont ceux qui jugent que la méthode ne permet pas d’atteindre cet objectif. A ceux-ci, je répondrais que ce n’est pas tout à fait vrai.

Disons-le franchement : se contenter d’atteindre la dernière leçon sans faire la phase active ne vous donnera jamais un niveau B2. En revanche, il faut bien admettre que si vous réussissez à traduire du français au japonais le texte de la leçon 98 (donc au terme de la deuxième vague), votre maîtrise de la langue sera en effet très solide.

Le problème, c’est qu’Assimil japonais ne vous montre pas suffisamment comment atteindre un tel niveau d’expression. Il faut à mon sens bien plus que les leçons d’une méthode pour y parvenir. C’est là que d’autres activités prennent tout leur sens : exercices, immersion (films, séries, lecture, etc.), pratique de l’oral avec des Japonais…

Mon avis sur la promesse de niveau B2 est que la promesse est plus subtile qu’elle en a l’air. Si vous intégrez la méthode Assimil dans votre apprentissage et l’exploitez entièrement, c’est possible. Si vous vous contentez de la suivre sans trop vous investir, ce ne sera pas suffisant.

Assimil japonais : le verdict

Il est à présent temps de conclure ce test et de rendre notre verdict. Alors, la méthode Assimil est-elle une ressource digne d’intérêt pour apprendre le japonais ? A mes yeux, oui. Elle remplit parfaitement son rôle, en vous fournissant à la fois un fil conducteur pour y revenir chaque jour, ainsi qu’un support d’immersion de qualité.

Je reste cependant plus réservé sur la courbe de progression. Il faut s’accrocher et être méthodique car le niveau augmente rapidement. A vous de voir si c’est un point fort ou faible : d’un côté, il peut mener à la démotivation, de l’autre, il offre une belle marge de progression.

Vous avez cependant la possibilité de compléter la méthode avec les cahiers d’exercices et le manuel de grammaire. Ces derniers vous permettront d’aller plus en profondeur que les seules explications de grammaire de la méthode, parfois succinctes, et les exercices, pas toujours suffisants pour s’auto-évaluer.

Dans tous les cas, si vous appréciez le concept d’apprentissage en immersion que propose Assimil et si vous avez la motivation de passer entre quatre et cinq mois dessus, la méthode saura vous apporter satisfaction.

Test d’Assimil japonais : en résumé

Voici les qualités et les défauts de la méthode Assimil pour apprendre le japonais.

Points forts

  • Des dialogues variés et pleins d’humour 
  • La qualité de l’audio
  • Il y a de quoi faire (phases passive et active)
  • Un manuel agréable à utiliser
  • Facile à trouver dans le commerce

Points faibles

  • Une courbe de progression un peu rude
  • Grammaire et exercices assez légers
  • Un japonais naturel… jusqu’à un certain point
  • Une mise en page parfois chargée
  • Il faut s’accrocher pour tout finir

Conclusion

Assimil constitue l’une des meilleures portes d’entrée vers le japonais. Facile à trouver dans le commerce, la méthode brille par ses dialogues de qualité. Il reste cependant préférable de la compléter avec d’autres ressources, car utilisée seule, elle peut s’avérer décourageante. Si vous voulez vous lancer dans l’aventure du japonais, c’est une valeur sûre.

Où trouver la méthode Assimil japonais ?

A vrai dire, un peu partout ! Vous trouverez facilement la méthode Assimil dans une grande librairie généraliste (comme la Fnac), ou dans une boutique spécialisée (sur le Japon ou les langues). Vous pouvez également la commander sur Internet en passant par l’un des liens ci-dessous.

Note pour finir qu’il existe deux versions de la méthode : une ancienne et une plus récente. La première date de 1985 et a connu plusieurs rééditions. La seconde, quant à elle, est parue en 2017. C’est cette dernière que vous trouverez aujourd’hui dans le commerce.

Pour ma part, j’ai utilisé l’ancienne version parce que je suis un boomer parce que j’ai démarré mon apprentissage avant 2017. Je vous recommande cependant la nouvelle édition, qui présente un japonais et des références plus actuels. Pour vous donner un exemple, la sixième leçon de l’ancienne version parle de la Tour de Tokyo. La nouvelle mouture, quant à elle, évoque la Tokyo Skytree. Il faut vivre avec son temps !

Pour vous procurer la méthode Assimil japonais (Superpack ou téléchargement), vous pouvez passer par les liens ci-dessous :

Assimil Superpack

Le manuel + 5 CD audio + 1 clé USB

Assimil téléchargement

Le manuel + les audios à télécharger

Avez-vous essayé Assimil dans votre apprentissage du japonais ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? Vous pouvez nous en faire part dans les commentaires !


Pierre


Je suis le créateur de Ganbare. Polyglotte et passionné par la culture japonaise, j'ai décidé de mettre à votre service mes meilleures méthodes pour apprendre le japonais.


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  • Très bon article, sur une méthode que je n’ai jamais utilisée, avec ce qui semble être les points forts et les points faibles de la méthode d’après l’auteur, et ce qui est conseillé de faire pour accompagner efficacement cette méthode (comme toute méthode, j’ai envie de dire : je ne connais aucune méthode de langue qui se suffit à elle-même).

    Petit complément d’information : cette méthode est également facilement empruntable dans les médiathèques, selon les langues et les villes bien sûr.

    Petite faute de frappe (hélas bien mise en surbrillance en caractères gras) :  » Le japonais possède une gramme de registres très large » (c’est « une gamme », bien sûr).

    Sinon, le problème de cette « promesse de B2 en cinq mois », c’est que plus une langue est éloignée linguistiquement des langues qu’on parle (c’est généralement le cas du japonais pour un occidental n’ayant jamais appris une seule langue d’Extrême-Orient), plus il faut du temps pour l’apprendre et atteindre ne serait-ce qu’un niveau « correct » (alors de là à obtenir un niveau « très bon », il faut plutôt plusieurs années de travail quotidien sérieux).

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