Si vous avez déjà songé à vous initier à une langue, vous avez certainement entendu parler de Duolingo, la plus célèbre des applications d’apprentissage. Ludique et gratuit, cet outil avance de sérieux arguments. Dans les faits, qu’en est-il vraiment ? Duolingo japonais est-il un outil sérieux pour vous permettre de maîtriser cette langue ? Voici mon avis dans un test détaillé.
Duolingo : de quoi s’agit-il ?
Commençons par les présentations. Duolingo est une application gratuite d’apprentissage des langues étrangères, accessible depuis n’importe quel navigateur Internet. Elle est également disponible sur les plates-formes mobiles (iOS et Android). Vous pouvez donc y accéder sur tous vos appareils : ordinateur, téléphone ou tablette.
Le principe est le suivant : des cours de langues proposés sous forme d’exercices, dans un enrobage rappelant un jeu vidéo. Cet aspect ludique entend rendre l’acquisition d’une langue plus plaisante et moins effrayante pour les néophytes.
Aux origines de Duolingo
La première mouture de Duolingo voit le jour en 2011 à l’université de Carnegie-Mellon, dans la ville américaine de Pittsburgh. Elle est le fruit de Luis von Ahn, enseignant-chercheur à qui on doit le protocole d’identification ReCAPTCHA, et de Severin Hacker, alors étudiant doctorant.
Un première version publique est tout d’abord lancée en 2012 sur iOS (l’écosystème d’Apple), avant d’être déclinée sur Android en 2013.
L’application compte désormais plus de 500 millions d’utilisateurs, avec des cours permettant d’apprendre plus d’une quarantaine de langues, dont des langues rares (irlandais, hawaïen, yiddish…), une langue construite (espéranto) mais aussi des langues de fiction (klingon et haut-valyrien !). Un cours de xhosa, langue d’Afrique du sud, est d’ailleurs en préparation.
Fonctionnement général
Duolingo est une application proposée sur un modèle dit freemium. Autrement dit, son utilisation est intégralement gratuite, mais il est possible de souscrire à une version plus complète intitulée Duolingo Super.
La formule gratuite se rémunère grâce à des publicités affichées à la fin des sessions d’apprentissage, tandis que l’offre premium est proposée sous forme d’abonnement, sans publicités. Cette dernière est accessible au tarif de 13,99 € pour un mois, ou 7,33 € par mois dans le cadre d’un abonnement annuel. Un essai gratuit de 14 jours est également proposé.
Une application accessible à tous… mais pas tout à fait
Ajoutons pour finir une précision importante : sur Duolingo, le japonais est proposé uniquement à partir de l’anglais. Ce cours est donc intégralement en anglais plutôt qu’en français. Donc si vous possédez un niveau solide dans la langue de Shakespeare, vous ne rencontrerez pas de difficultés. En revanche, si votre anglais est encore hésitant, vous risquez de buter sur certains exercices de traduction.
Fonctionnement de Duolingo
Voyons maintenant comment fonctionne Duolingo et comment il peut vous aider à apprendre le japonais.
L’application se présente comme un croisement entre un cours de langue et un jeu vidéo. C’est le principe de ludification, qui se propose de mêler pédagogie et divertissement.
Une nouvelle version, entièrement remaniée
Duolingo a été profondément remanié il y a quelques mois, nous présenterons ici le programme tel qu’il existe en mars 2023. Si vous avez connu le parcours composé de différents modules thématiques, cette organisation n’a plus cours aujourd’hui. En effet, la nouvelle version consiste en 90 unités, avec un cursus unique.
Chaque unité se compose d’un certain nombre d’exercices, qu’il est nécessaire de terminer pour passer à l’unité suivante. Si vous avez déjà des bases en japonais, vous avez toutefois la possibilité de sauter des étapes en cliquant sur le premier exercice d’une unité. Un test vous sera alors proposé : si vous le réussissez, toutes les unités précédentes seront alors automatiquement validées.
Chaque unité est accompagnée d’un bouton « guidebook », disposé à droite de l’intitulé de la section. Il donne accès à une fiche synthétique présentant le contenu de l’unité. Un point qui peut paraître anodin, mais qui représente une véritable évolution par rapport à l’ancienne version, où ces fiches étaient particulièrement difficiles à trouver.
Un contenu de plus en plus riche
Pour vous donner une idée des conditions dans lesquelles a été réalisé ce test, j’ai testé Duolingo japonais à deux reprises. Il y a plusieurs années, j’avais terminé intégralement l’arbre des leçons, puis laissé tomber l’application, qui ne correspondait plus à mon niveau.
En y revenant pour cet article, j’ai non seulement découvert la nouvelle formule, mais aussi un contenu beaucoup plus riche. En transposant ma progression de l’ancienne à la nouvelle version, l’application n’avait débloqué qu’une poignée de leçons sur les 90 disponibles. Un sacré coup de jeune.
En conséquence, le contenu proposé est beaucoup plus riche qu’auparavant. Il vous accompagnera pendant de longs mois si vous débutez en japonais, jusqu’à un petit niveau intermédiaire.
Duolingo japonais à la loupe
A présent, voyons à quoi ressemble une session typique sur Duolingo. L’essentiel de votre apprentissage se déroule dans la section « Learn ». Chaque unité est centrée autour d’un thème ; en l’occurrence : 1) et 2) Utiliser les hiragana, 3) Dire bonjour et au revoir, utiliser les katakana, 4) Se présenter, utiliser les katakana, etc. Bref, un cursus on ne peut plus classique, mais qui couvre les bases du japonais.
Les unités
Une unité peut être comparée à un « monde » dans un jeu vidéo, qui contiendrait plusieurs « niveaux » successifs, qu’il convient de terminer avant de passer au monde suivant. Lesdits niveaux sont représentés par des sessions d’apprentissage. Sur votre parcours, vous trouverez notamment :
- Module « étoile » : une série d’exercices, sur la thématique de l’unité ;
- Module « haltère » : un exercice personnalisé, basé sur vos erreurs et les points qui vous ont posé problème précédemment ;
- Coffre : une récompense pour récompenser vos efforts ;
- Module « coupe » : en quelque sorte le « boss » du monde, un exercice récapitulatif qui vous permet de valider l’unité entière.
Notez qu’il est possible à tout moment de revenir sur un exercice déjà terminé, mais aussi d’approfondir une unité déjà validée, en cliquant sur un panneau comportant la mention « Level up ». Vous avez donc une certaine liberté dans votre progression.
Les autres options d’apprentissage
Outre les leçons (ou guidebooks) que nous avons évoquées, mentionnons deux autres sections de Duolingo japonais qui pourront vous intéresser.
Tout d’abord, « Practice » (l’icône en forme d’haltère), qui offre des options supplémentaires. A part les stories (de petits histoires mettant en scène des personnages), elles sont réservées aux abonnés payants.
Ensuite, « Characters ». Comme son nom l’indique, ce volet vous propose d’apprendre les hiragana et les katakana. Des exercices sont même proposés pour vous aider à les mémoriser.
Les exercices : le cœur de Duolingo
Attaquons la pièce de résistance, à savoir les exercices. Souvent critiqués, voire tournés en ridicule, ils ont transformé Duolingo en véritable phénomène de société. Toujours comme dans un jeu vidéo, ils représentent de petits défis que vous pouvez relever en l’espace de quelques minutes.
Une série d’activités vous est proposée et, si vous répondez juste à chacune d’entre elles, la session se termine et vous gagnez un certain nombre de points d’expérience (XP). Parmi lesdites activités, on trouve :
- Des QCM : vous devez choisir un élément parmi quatre différents, par exemple un kanji ou un mot que vous écoutez et dont vous devez retrouver la forme écrite ;
- Des paires à reconstituer : même principe que pour les QCM, mais avec davantage d’éléments à associer par paires ;
- Des traductions, avec des mots donnés dans le désordre, que vous devez réarranger pour reconstituer la phrase entière, dans les sens anglais => japonais et japonais => anglais ;
- Des extraits audio, dont vous devez reconstituer la transcription.
Duolingo étant conçu pour être utilisé partout, vous pouvez désactiver les exercices audio en cliquant sur Can’t listen now. Pratique si vous vous trouvez dans un métro où des gens hurlent au téléphone.
Notons au passage une option qui n’est pas dénuée d’intérêt : en cliquant sur l’icône en haut à gauche de l’interface, il est possible de montrer la prononciation des kanji soit en furigana (les petits hiragana explicatifs), soit en rōmaji (alphabet latin). Vous pouvez même masquer la prononciation si vous recherchez une plus grande difficulté.
Comment progresser dans l’application
Si vous répondez juste à une question, une jauge située en haut de l’écran se remplit d’un cran. Si vous vous trompez, elle se vide partiellement et la question vous sera reposée un peu plus tard. Une fois que vous avez répondu correctement à toutes les questions, la jauge achève de se remplir et la session se termine. Vous recevez alors des points d’expérience, appelés ici XP.
Une fois l’exercice terminé, une partie du module est validé. Si vous réalisez tous les exercices d’un module, celui-ci est considéré comme étant acquis et vous pouvez passer au suivant.
Des exercices en nette amélioration
Impossible de ne pas répondre à la question fatidique : les exercices de Duolingo sont-ils toujours truffés de phrases inutiles, voire complètement perchées ? Sur ce point, il faut le reconnaître, l’application s’est nettement améliorée. Même si on relève çà et là quelques phrases, disons, « intéressantes », le contenu est beaucoup plus pertinent qu’il ne l’a été par le passé.
On trouve désormais des phrases enregistrées par des locuteurs natifs du japonais (plutôt que des voix de synthèse), qui rendent les exercices d’écoute plus formateurs. La diversité des voix est un autre point appréciable.
Pour terminer sur cet aspect, relevons les petites saynètes qui viennent encourager l’utilisateur au milieu d’une leçon, ou le féliciter lorsqu’il en vient à bout. N’oublions pas que Duolingo n’est jamais qu’un « cahier d’exercices amélioré » : cet enrobage permet de rendre agréable une activité qui a tout pour être ennuyeuse et répétitive. S’amuser en apprenant une langue, c’est possible !
Les éléments ludiques
Toujours dans cet esprit de rendre l’apprentissage ludique et motivant, Duolingo a rajouté nombre de fonctionnalités pour vous rendre accro à ses exercices.
Les points d’expérience
Les fameux XP (experience points) ont plusieurs usages. Tout d’abord, ils permettent de valider un objectif quotidien, que vous choisissez au moment de votre inscription et que vous pouvez modifier par la suite. Cinq niveaux sont proposés, allant de Basic (1Xp par jour) à Intense (50 XP par jour).
Ensuite, les XP permettent de se positionner au sein des différentes « ligues », que nous verrons dans un prochain paragraphe.
Les lingots et gemmes
Ils sont en quelque sorte les « pièces d’or » de Duolingo. Vous recevez des lingots en terminant des leçons ou en ouvrant les coffres que vous trouverez sur votre parcours. Ils permettent de d’acheter diverses aides pour faciliter votre apprentissage.
Etrangement, les lingots (rouges) que vous trouverez sur navigateur sont des gemmes (bleues) dans la version mobile. Il est d’ailleurs possible d’en acheter avec du véritable argent.
Les séries (streaks)
Je ne le dirai jamais assez : si vous voulez parler japonais, vous devez vous exercer tous les jours, si possible sans exception. La fonction de séries (ou streaks) de Duolingo est là pour vous y aider. Lorsque vous terminez une série d’exercices, vous ajoutez un point à votre série. Pour chaque jour consécutif, votre série s’allonge d’un point supplémentaire. A l’inverse, si vous n’utilisez pas l’application, votre série est réinitialisée.
L’objectif est donc de créer des séries de plus en plus longues, sans manquer un seul jour d’apprentissage. Des notifications (sur mobile) et des e-mails sont heureusement là pour vous rappeler à l’ordre si une journée est sur le point de se terminer sans révision. Cette fonctionnalité a d’ailleurs donné lieu à un nombre incroyable de memes et de détournements. La société Duolingo ne s’est d’ailleurs pas privée de surfer sur la vague en faisant preuve d’autodérision.
Comme personne n’est parfait, il est probable que vous manquiez de temps en temps un jour d’apprentissage. Aucun problème : en dépensant vos lingots (ou vos gemmes), vous pouvez acheter un « gel de série » (streak freeze), qui protégera votre précieuse série si vous oubliez de lancer l’application.
Les succès
Les succès (achievements en anglais) constituent un autre élément ludique de Duolingo. Comme dans un jeu vidéo, remplir certaines conditions vous offrira un badge qui s’affichera sur votre profil. Les objectifs à atteindre sont variés : atteindre un certain nombre de XP, utiliser l’applications à certaines heures ou certains jours, suivre d’autres personnes…
Cette fonction est honnêtement un peu gadget, passons donc à la suite.
Les fonctionnalités sociales et les ligues
Duolingo offre la possibilité de se connecter à d’autres utilisateurs, comme sur un réseau social. Les options proposées sont variées et vous aideront à conserver votre motivation. Vous pouvez par exemple envoyer des félicitations à vos amis lorsqu’ils terminent une leçon ou vous lancer dans des quêtes en leur compagnie.
Un autre défi consiste à vous positionner dans les différentes ligues. Pour ce faire, vous devez récolter un certain nombre de XP. Si vous en avez assez, vous pourrez vous maintenir votre ligue actuelle, voire passer dans une autre plus élevée. Mais gare à vous si vous vous faites dépasser : vous risquez d’être rétrogradé à une ligue inférieure.
Si cet ajout n’apporte pas grand-chose en terme d’apprentissage, il sera à même de combler les apprenants les plus compétitifs.
Duolingo japonais : réellement efficace ?
Il est à présent temps de rendre un verdict sur cette application qui est aussi populaire qu’elle est décriée. Duolingo japonais est-il un partenaire fiable dans votre apprentissage ? La réponse dépendra de l’usage que vous en avez.
Pas vraiment une méthode tout-en-un
Si vous comptez faire reposer tous vos efforts dessus, ce sera sans doute trop léger. Les phrases d’exemple ont beau avoir fait d’énormes progrès, elles restent relativement artificielles et répétitives. Les explications de grammaire sont enfin visibles, mais elles ne remplaceront pas un contenu pédagogique plus complet.
Inversement, si vous l’utilisez comme un « cahier d’exercices amélioré », vous en retirerez des bénéfices certains, surtout si vous y revenez tous les jours. En complément d’un support comme la méthode Assimil japonais, Duolingo représentera un moyen de renforcer votre immersion quotidienne dans la langue japonaise.
Par ailleurs, d’autres applications, comme MosaLingua, Anki ou encore Memrise, sont plus performantes dans le domaine du vocabulaire. Si c’est cet aspect qui vous intéresse en priorité, mieux vaut vous tourner vers ces solutions.
Un bon complément
En conclusion, Duolingo, de par son emballage ludique et addictif et surtout de par sa gratuité, constitue un excellent à-côté dans le cadre d’un apprentissage plus complet.
Si vous avez cinq minutes à tuer en attendant le bus, une session de Duolingo vous apportera un moment de pratique bienvenu pour perfectionner votre japonais.
Duolingo japonais : le verdict
Voici les forces et faiblesses de Duolingo pour apprendre le japonais.
Points forts
Points faibles
Conclusion
Disons-le franchement : Duolingo n’est pas la solution tout-en-un promise par ses créateurs. Il ne remplacera jamais un cours ou une méthode de japonais. Mais ce n’est pas ce qu’on lui demande : employé comme un cahier d’exercices ludique, il remplit parfaitement son office. Utilisé quelques minutes chaque jour, il vous offrira une belle marge de progression.
Pour finir, vous pouvez m’ajouter comme ami sur l’application : vous me trouverez avec le pseudonyme Pierre_lmdl. Je ne manque pas d’encourager mes abonnés, alors à bientôt sur Duolingo !
Les images illustrant cet article proviennent de mes captures d’écran ou du press kit de l’entreprise.
Merci, Pierre, pour cet article clair complet.
J’ai commencé, après vous avoir lu, à utiliser cette application qui est tout à fait, ainsi que vous le dites, attrayante et utile, mais qui ne permet pas d’apprendre une langue…