L’écriture japonaise est l’une des composantes les plus fascinantes de cette langue. D’une infinie profondeur, elle constitue néanmoins le plus grand repoussoir pour les débutants. Apprendre le japonais implique de maîtriser non pas un simple alphabet, mais un triple système d’écriture, complètement différent du nôtre. Si cette perspective vous décourage, je vous propose d’y aller pas à pas. Dans ce dossier en trois parties, vous découvrirez les bases de l’écriture japonaise : en quoi elle consiste, quels sont les différents « alphabets japonais » et comment les apprendre facilement.
Aux origines de l’écriture japonaise
Le japonais est longtemps resté une langue sans écriture. Pendant une grande partie de son histoire, il a donc été exclusivement oral et n’a pas développé de graphie propre.
La naissance des caractères chinois
A contrario, la Chine a été beaucoup plus précoce sur ce plan. On considère que l’écriture ossécaille, développée sous la dynastie Shang (1570-1045 av. J.-C.) marque la transition de pictogrammes, des dessins sans valeur linguistique, à des caractères permettant de former des phrases. C’est la naissance des sinogrammes.
Par la suite, le style dit « sigillaire », inventé sous la dynastie Zhou (1045-256 av. J.-C.), s’impose progressivement comme un premier standard de l’écriture chinoise sous la dynastie Qin (221-206 av. J.-C.).
Les caractères chinois s’exportent au Japon
La plus ancienne trace de caractères chinois sur le sol japonais remonte au premier siècle ap. J.-C., sous la forme du sceau du roi de Na. Cet objet fut vraisemblablement remis en 57 par l’empereur chinois Han Guang Wudi au roi ou à un diplomate de Nakoku (奴国), un ancien Etat du sud-ouest du Japon.
Les archéologues ont retrouvé d’autres objets de la même époque comportant des sinogrammes, notamment des pièces de monnaie, mais aussi des pierres à encre, utilisées pour la calligraphie chinoise. On considère toutefois que le développement de l’écriture au Japon n’a pas réellement débuté avant le Ve siècle.
A cette époque, le japonais restait cantonné à un statut de langue orale : les textes étaient alors exclusivement écrits en chinois. D’après le Nihon shoki (日本書紀), une chronique achevée en 720 et rédigée en chinois classique, c’est un prêtre du nom de Wani (王仁) qui aurait apporté les caractères chinois au Japon depuis le royaume coréen de Baekje.
Si Wani est aujourd’hui considéré comme un personnage semi-légendaire, le Ve et surtout le VIe siècle sont bel et bien caractérisés par d’intenses échanges culturels entre le royaume de Baekje et le Japon de la période de Yamato (250-710). C’est par ce biais que la culture chinoise se répand sur l’archipel, plus particulièrement le bouddhisme et l’écriture.
De l’écriture du chinois à l’écriture du japonais
Dans un premier temps, les classes dirigeantes du Japon utilisent la langue chinoise dans leur correspondance avec la Chine et la Corée, un phénomène similaire à l’usage du latin ou du grec à travers l’Europe médiévale. Cette pratique donne naissance à une classe de scribes, les fuhito (史), qui généralisent l’usage des caractères chinois au Japon.
Les sinogrammes utilisés dans un contexte japonais sont aujourd’hui appelés kanji (漢字), littéralement « caractères des Hans », d’après le nom de l’ethnie majoritaire en Chine. Ce terme renvoie d’ailleurs à celui que les Chinois utilisent pour désigner leur propre écriture : les hànzì (漢字 en chinois traditionnel ou 汉字 en caractères simplifiés). Pour l’anecdote, les Coréens parlent quant à eux de hanja (漢字 ou 한자).
Par la suite, les Japonais ont l’idée d’adapter cette écriture à leur propre langue, qui ne possédait alors pas encore de forme écrite. Un problème de taille se pose alors : le chinois et le japonais sont complètement différents, tant au niveau des sonorités que de la construction des phrases.
S’ensuit un double travail d’adaptation des caractères chinois à la langue japonaise : d’un côté le kanbun, de l’autre les man’yōgana.
Le kanbun
Le kanbun (漢文, « écriture Han »), tout d’abord, est un système apparu pendant l’époque de Nara (710-794), permettant d’annoter un document rédigé en chinois pour le rendre plus facile à lire. De petits symboles, qui viennent compléter le texte original, indiquent l’ordre dans lequel ces mots apparaîtraient en japonais, qui possède un système dit SOV (sujet – objet – verbe).
S’il ne s’agit pas d’une écriture japonaise à proprement parler, le kanbun introduit une révolution, en transposant le chinois et ses caractères à la logique de la phrase japonaise.
Les man’yōgana
Les man’yōgana font leur apparition vers 650. Ils doivent leur nom au Man’yōshū (万葉集, « Recueil des dix mille feuilles »), la première anthologie de poèmes japonais, rédigée autour de 760.
Ici, les caractères ne sont plus employés pour noter des mots chinois, mais uniquement pour leur valeur phonétique. Autrement dit, chaque man’yōgana correspond à un son bien précis et peut ainsi être utilisé pour transcrire le japonais. Le sens du caractère (soit sa valeur sémantique) n’est alors plus considéré.
Avec les man’yōgana naissent les caractères qui nous intéressent tout particulièrement : les kana, ou syllabaires japonais. Eh oui, l’écriture japonaise tout entière provient bien, soit directement, soit indirectement du chinois !
Des man’yōgana aux kana
Cette adaptation phonétique des sinogrammes se fait d’ailleurs dans deux directions. D’un côté, la recherche d’une simplification du tracé produit une écriture cursive, les hiragana (平仮名, « kana lisses »).
En parallèle, des moines désireux de noter la prononciation des caractères dans les textes sacrés créent leur propre variante des man’yōgana, les katakana (片仮名, « kana fragmentaires »). Ceux-ci se reconnaissent facilement à leur aspect anguleux.
Il est intéressant de noter que pour certains kana, la paire hiragana / katakana provient du même kanji. En voici quelques exemples :
- Le kanji 加 a donné le hiragana か et le katakana カ, qui se prononcent tous les deux « ka » ;
- 不 a donné le hiragana ふ et le katakana フ, qui se prononcent « fu » ;
- 利 a donné le hiragana り et le katakana リ, qui se prononcent « ri ».
Ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Dommage ! Voici quelques couples que nous pouvons qualifier d’irréguliers :
- Son « ru » : le hiragana る vient du kanji 留, mais le katakana ル vient quant à lui du kanji 流 ;
- Son « i » : le hiragana い vient du kanji 以, mais le katakana イ vient du kanji 伊 ;
- Son « a » : le hiragana あ vient du kanji 安, mais le katakana ア vient du kanji 阿.
La standardisation des kana
Bien que cela ne soit pas indispensable pour votre apprentissage du japonais, mentionnons les hentaigana (変体仮名, « kana variants »), qui ne sont plus utilisés aujourd’hui. Ces drôles de caractères constituent une forme alternative des hiragana, plus rarement des katakana. Par le passé, il était souvent possible d’employer plusieurs kana différents pour représenter un seul et même son, au gré des envies de l’écrivain.
Une réforme entrée en vigueur en 1900 a cependant imposé une standardisation de l’écriture : à chaque son devait correspondre une unique paire de hiragana et katakana. Les formes supplémentaires se sont vues reléguées parmi les hentaigana.
De nos jours, les hentaigana ne sont plus employés que dans un rôle folklorique, par exemple pour donner un cachet ancien à un texte, à la manière de l’écriture gothique en Europe. Lors d’un séjour au Japon, vous remarquerez peut-être des devantures de restaurants (principalement de soba) comportant de bien étranges caractères : il s’agit peut-être là de hentaigana.
L’écriture japonaise : un triple système
Ce détour historique vous aura permis de mieux saisir l’histoire et la spécialisation des différentes composantes de l’écriture japonaise. On peut ainsi considérer qu’il existe un triple système. Voire un quintuple système si on veut chercher la petite bête !
Voici un bref aperçu de ces systèmes d’écriture :
- Les kanji : la base du japonais. Ces caractères issus du chinois servent à écrire la plupart des noms, ainsi que les radicaux des verbes et des adjectifs ;
- Les hiragana : le second système le plus important du japonais. Ils permettent de noter la terminaison des verbes et des adjectifs, les particules grammaticales et tous les autres mots qui ne s’écrivent pas en kanji ;
- Les katakana : un système d’usage plus limité, qui sert avant tout à retranscrire les noms étrangers ou les onomatopées, ou encore à mettre le texte en exergue (comme le gras en alphabet latin) ;
- Les rōmaji (ローマ字) : il s’agit de la transcription du japonais en alphabet latin. Ces caractères sont très utiles pour les apprenants, mais les Japonais les utilisent assez rarement ;
- Les arabiasūji (アラビア数字) : ce terme est parfois utilisé pour désigner ce que nous appelons les « chiffres arabes » (1, 2, 3…). Vous le rencontrerez peut-être dans des ouvrages spécialisés, alors autant le mentionner !
Dans ce dossier, nous laisserons de côté les rōmaji, pour la simple et bonne raison qu’ils constituent très vite une entrave plutôt qu’une réelle aide pour apprendre le japonais. Même traitement pour les arabiasūji : il s’agit simplement de chiffres, que vous connaissez et savez déjà utiliser, inutile donc de s’appesantir dessus.
Quand et dans quel ordre apprendre l’écriture japonaise ?
Cette question revient dans la bouche de presque tous les apprenants, de manière bien légitime. Là où certaines langues impliquent de maîtriser un seul et unique système d’écriture (comme le russe ou le grec), le japonais impose d’en apprendre trois !
Mon conseil reste dans tous les cas d’apprendre l’écriture japonaise le plus tôt possible, dès le tout premier jour. S’il peut être tentant de se reposer sur les rōmaji dans un premier temps, ce serait une erreur capitale : ne pas apprendre les caractères revient à ne pas savoir lire en japonais.
Il reste cependant indispensable de procéder par étapes. Voici donc l’ordre dans lequel il convient d’apprendre l’écriture :
- Dans un premier temps, les hiragana : en théorie, le japonais peut s’écrire presque exclusivement en hiragana. En faire une priorité vous ouvrira donc les portes de la langue ;
- Ensuite, les katakana : ils sont souvent perçus comme plus faciles d’accès que les hiragana du fait de leur graphisme plus carré. Dans les faits, ils sont cependant beaucoup moins usités que les hiragana : ils attendront donc patiemment leur tour ;
- Pour finir, les kanji : contrairement aux hiragana et aux katakana qui peuvent être domptés en l’espace de quelques semaines, les kanji vous occuperont pendant des années. Mieux vaut donc commencer à les mémoriser au fil de l’eau une fois que vous aurez les kana bien en tête.
Nous nous pencherons plus en détail sur les hiragana et les katakana, respectivement dans la deuxième et la troisième partie de ce dossier. En attendant, brossons un rapide portrait des kanji.
Les kanji : quelques clés pour comprendre leur fonctionnement
Au sujet de ces mystérieux caractères, j’ai deux nouvelles à vous annoncer : une bonne et une mauvaise.
Par souci d’optimisme, commençons directement par la mauvaise : vous n’avez pas fini d’entendre parler des kanji sur ce site. Il existe plus de 2 000 kanji « de base », appelés au Japon Jōyō kanji. Autant dire que la route sera longue et semée d’embûches.
Passons à la bonne nouvelle : si les kanji peuvent sembler peu engageants, ils deviendront vite de précieux alliés. Vous ne me croyez peut-être pas pour le moment, mais faites-moi confiance : je vous garantis que d’ici quelques mois, vous finirez par trouver difficile à lire un texte dans lequel tout est écrit en kana.
Les kanji sont vos amis (si, si)
Ce curieux phénomène a deux raisons : tout d’abord, le japonais s’écrit sans espaces. Les kanji permettent donc de repérer les noms, verbes et adjectifs. Ils viennent en quelque sorte apporter un « tempo » à la phrase et indiquent l’emplacement des noms, verbes et adjectifs. A l’inverse, un texte rédigé intégralement en kana ressemble à un énorme bloc, dans lequel il est compliqué de savoir où commencent et où finissent les mots.
Ensuite, le japonais est une langue plutôt pauvre phonétiquement, ce qui signifie qu’elle comporte peu de sons différents. En conséquence, on trouve de nombreux mots homophones, qui se prononcent exactement de la même façon, mais sans pour autant avoir le même sens. Je vous laisse par exemple chercher tous les mots s’écrivant しんこう (shinkō) pour voir de quoi il en retourne.
Les kanji apportent donc des précisions inestimables dès lors qu’on lit une phrase en japonais. Vous ne pourrez donc plus vous en passer !
Comment se prononcent les kanji
Abordons à présent un autre aspect lié à l’histoire de la langue japonaise : la prononciation des kanji, aussi appelée « lecture » (読み, yomi).
En japonais, il existe deux grands types de prononciation des kanji :
- La lecture kun (訓読み, kun’yomi) ou lecture « sémantique » : elle consiste à lire un caractère en fonction de son sens ;
- La lecture on (音読み, on’yomi) ou lecture « phonétique » : ici, on lit le caractère suivant sa seule prononciation.
Si cette distinction vous semble encore nébuleuse, c’est normal : la différence est subtile. Pour la comprendre, il faut revenir une fois de plus à l’histoire de l’écriture japonaise.
Un peu plus haut dans cet article, vous avez appris que les kanji ont correspondu à deux usages historiques, à savoir écrire en chinois, puis écrire en japonais. En résulte un caractère hybride de la langue : 49,1 % de son vocabulaire provient directement du chinois et seulement 33,8 % du japonais archaïque.
Les Japonais ont donc adopté des mots chinois, avec une prononciation chinoise, les 漢語 (kango, « mots des Hans »). La lecture on est donc l’héritière de cette pratique : les kanji sont ainsi prononcés « à la chinoise ».
Les Japonais ont également utilisé les caractères chinois pour écrire des mots japonais préexistants. Les termes ainsi notés en kanji se prononcent donc « à la japonaise ». On parle de 和語 (wago, « mots japonais »).
Un exemple avec le caractère 道
Pour illustrer ces deux lectures, prenons le kanji 道, qui a le sens de « voie, route, chemin ».
Ce caractère se prononce dào en chinois moderne. Lorsque les Japonais l’ont emprunté au chinois médiéval, il se prononçait alors dauX. Cette prononciation archaïque a donné la lecture on dō en japonais moderne.
On retrouve cette lecture on par exemple dans les arts martiaux, comme le judō (柔道), ou encore pour nommer le taoïsme, dōkyō (道教).
En plus de cette lecture « à la chinoise », les Japonais possédaient leur propre mot pour désigner un chemin : michi en japonais moderne. Ils ont donc repris le caractère 道 en le prononçant à la japonaise, c’est-à-dire michi. Un peu comme si nous décidions d’écrire le mot « chemin » 道, tout en le prononçant « chemin » ! Le kanji 道 possède ainsi une lecture kun, michi.
On retrouve cette lecture kun dans un mot comme 一本道 (ipponmichi), « route directe ».
Quand utilise-t-on les lectures kun et on ?
Cette thématique est tellement vaste qu’elle fera certainement l’objet d’un futur l’article. En attendant, vous pouvez retenir ce principe de base :
- La lecture kun se retrouve surtout dans les mots seuls d’origine japonaise : par exemple, le terme 道 (prononcé michi) fonctionne comme un mot idépendant, comme dans l’expression 道を譲る (michi o yuzuru), « céder le passage » ;
- La lecture on se retrouve principalement dans les mots composés d’origine chinoise : par exemple, le terme 水道 (suidō), « eau courante, canalisation, voie d’eau » se compose des caractères 水 (eau) et 道 (chemin), avec leur lecture on.
A force de patience et d’immersion, vous finirez par connaître par cœur les différentes lectures des kanji.
Ecriture japonaise : votre parcours commence maintenant
J’espère que cet article vous a plu et vous a permis d’y voir plus clair. Ce dossier se poursuivra dans deux autres parties consacrées aux kana :
Quant aux kanji, nous n’avons pas fini d’en parler sur ce site !
Pour l’heure, vous pouvez télécharger les deux tableaux des kana présents dans le kit de bienvenue. et pourquoi pas les imprimer et les afficher chez vous. Richement illustrés par une graphiste professionnelle, ils vous aideront à tracer vos premiers hiragana et katakana.
Bonjour Pierre, merci beaucoup pour votre super site, très utile pour une débutante comme moi ! Par contre, je crois qu’il y a une coquille dans « Quand et dans quel ordre apprendre l’écriture japonaise ? », il y a deux fois « hiragana » (1 et 2) mais a priori le 2 concerne les katakana, si j’ai bien suivi ? Encore merci !!
Merci pour votre œil affûté, la bourde est corrigée !
Bonjour. Cela fait plaisir, de lire enfin les premiers articles !
Quelques petites remarques :
– Personnellement, quand je présente la langue à des débutants, je préfère plutôt leur dire que l’écriture japonaise présente un « double » système : des idéogrammes (kanji) et un syllabaire (les kana) décliné en deux versions (hiragana et katakana) un peu comme notre alphabet latin lui-même décliné en deux versions (minuscules et majuscules). En effet, mon raisonnement est le suivant : on ne présente jamais nos langues occidentales comme utilisant un « double système » avec d’un côté les « minuscules » et de l’autre les « majuscules » (et on a raison, pas la peine de compliquer les choses pour rien quand on parle à des débutants). Je trouve que présenter l’écriture japonaise comme un « triple » système à des débutants leur donne une image de l’écriture plus compliquée que ce qu’elle est réellement. D’ailleurs, on peut faire le même parallèle sur l’ordre d’apprentissage : à l’instar des hiragana qu’on apprend logiquement avant les katakana, nos langues occidentales nous font apprendre les minuscules avant les majuscules.
– je suis d’accord pour « marginaliser » les lettres latines et les chiffres arabes vis-à-vis des kanji et des kana. Et si on veut VRAIMENT être très tatillon, on peut toujours préciser que les Japonais également utilisent (quasiment) le même formalisme mathématique (y compris l’algèbre) que partout dans le monde.
– Je ne trouve pas que l’argument de l’absence d’espace entre les mots soit super pour justifier l’usage des kanji. En effet, on pourrait très bien répliquer : « Bah, ils n’ont qu’à mettre des espaces ». Et ce genre de réplique ne serait pas idiote car c’est justement ce qu’ont fait les Japonais dans les vieux jeux vidéo 8 bits (et peu 16 bits) des années 80/début des années 90 (le manque de mémoire des vieilles machines excluait généralement l’intégration de kanji), et ce qu’ils font encore sur des textes pour enfants écrits intégralement en kana.
Sinon, je ne connaissais pas les hentaigana, donc merci beaucoup, j’aurais appris quelque chose.