Apprendre le japonais à la maison : 12 activités en attendant la réouverture des frontières

Publié par Pierre, le 13 juin 2022

Temps de lecture :  minutes


Comme le dit l’adage, « loin des yeux, loin du cœur ». Après plus de deux ans au cours desquels les frontières du Japon sont restées hermétiquement fermées, il peut être difficile de garder votre motivation. En attendant un assouplissement des mesures, pas le choix : il faudra apprendre le japonais à la maison ! Dans cet article, vous trouverez 12 activités que vous pouvez faire depuis chez vous, pour progresser en japonais et mieux connaître le Japon.

Apprendre le japonais sans aller au Japon, une délicate équation

Nous en parlions dans un précédent article, il ne sera sans doute pas possible de voyager librement au Japon avant au moins la fin de l’été. Depuis le 3 avril 2020, le pays s’est refermé sur lui-même, dans ce qui s’apparente à une étrange redite du Sakoku, cette politique isolationniste qui a prévalu du XVIIe au XIXe siècle.

Face à un Japon aux portes closes, qui par-dessus le marché entend bien se passer des étrangers, il peut être difficile de rester motivé dans son apprentissage. Dans ces conditions, la culture japonaise a vite fait de devenir quelque chose d’abstrait et d’inatteignable. Vous êtes alors raisonnablement en droit de vous demander : « A quoi bon, après tout ? ».

Certains diront qu’il reste possible de s’inscrire dans une école de japonais, ou encore de trouver un travail sur place. C’est vrai, il s’agit d’un moyen d’obtenir un visa. Mais si, pour diverses raisons (de temps, d’argent, d’engagements…), ces options ne sont pas sur la table, il vous faudra ruser un peu.

Dans les lignes qui suivent, vous trouverez 12 proposition d’activités, que vous pourrez réaliser pour apprendre le japonais à la maison ou dans votre ville. Elles vous aideront à accomplir l’essentiel : ne pas baisser les bras et atteindre vos objectifs d’ici votre prochain voyage.

Activité n°1 : trouver un correspondant japonais

Sans doute le meilleur moyen de rester en contact avec des Japonais : les rencontrer pour pratiquer leur langue (et pourquoi pas le français) avec eux.

Vous pouvez tout à fait en trouver près de chez vous si vous en avez l’occasion, par exemple dans une université. Sinon, Internet reste votre meilleur ami. Il existe des sites et applications très bien faits, sur lesquels vous rencontrerez facilement des Japonais intéressés par un échange linguistique.

Je peux par exemple vous recommander Tandem, HelloTalk ou encore Speaky. Il ne vous reste plus qu’à créer un compte sur ces applis et commencer à contacter des Japonais.

Un simple téléphone suffit pour entrer en contact avec des Japonais.

Activité n°2 : prendre des cours de conversation en ligne

Vous n’avez pas le temps de chercher un correspondant ? Vous pouvez sans problème vous tourner vers un tuteur ou un professeur de japonais. Cette option vous permet, par petites séances de 30 minutes, d’améliorer votre japonais oral.

A un niveau plus avancé, il s’agit également d’un excellent moyen de peaufiner votre expression, auprès d’une personne qui saura repérer vos erreurs et vous proposer des tournures plus naturelles.

Pour trouver un professeur, vous pouvez vous tourner vers des plates-formes comme italki ou Superprof.

Activité n°3 : apprendre le japonais grâce à un manuel ou une méthode

Le japonais étant l’une des langues les plus populaires en France (et dans le monde), les manuels spécialisés sont légion. Choisissez en priorité une méthode qui comporte des fichiers audio et qui vous enseigne les bases de l’écriture (hiragana et katakana). Sauf exception (par exemple Pimsleur, focalisée sur l’oral), mieux vaut fuir celles qui ne cochent pas ces deux cases.

A titre personnel, j’ai utilisé la méthode Assimil, Minna no Nihongo, plus Pimsleur pour renforcer mon oral avant mon premier séjour. En complément, il existe d’excellents manuels plus spécialisés concernant l’écriture, et plus particulièrement les kanji, la grammaire, etc.

Nous en parlerons plus en détail dans un futur article.

Activité n°4 : regarder des anime japonais ou des drama

Sans doute le moyen le plus connu d’apprendre le japonais à la maison : regarder des anime en VO. Le choix est tellement vaste que vous trouverez facilement des œuvres qui vous parleront.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est loin, le temps où il fallait scruter les chaînes de télévision qui daignaient en diffuser, voire récupérer des DVD en import ! De nos jours, de nombreuses plates-formes en ligne, à commencer par Netflix, permettent de regarder de très nombreux anime sous-titrés.

Autre ressource, moins connue mais tout aussi utile : les drama. Sous ce nom se cachent les séries télévisées japonaises et plus largement asiatiques. Si on a souvent à l’esprit, non sans raison, l’image de feuilletons à l’eau de rose, il serait dommage de s’arrêter à cette première impression.

En effet, les drama japonais se déclinent dans des thématiques aussi variées que les intrigues financières de Hanzawa Naoki, le microcosme désabusé d’Ikebukuro West Gate Park ou encore la difficulté d’être mère au Japon dans La maison de la rue en pente (d’ailleurs disponible sur Arte). Quel que soit votre genre de prédilection, vous y trouverez facilement votre bonheur.

Progresser en japonais sans même quitter votre canapé, c’est possible !

Activité n°5 : regarder des films japonais, chez vous ou au cinéma

Pendant « version longue » des séries, les films japonais sont une autre excellente ressource que vous pouvez utiliser chez vous. Là aussi, le choix est absolument sans fin.

Vu d’Occident, il peut être tentant de penser en premier lieu aux longs-métrages d’animation. C’est bien normal, car les classiques ne manquent pas : Akira, Ghost in the Shell, Princesse Mononoké… Un univers entier à explorer, en somme.

Mais s’y limiter serait une erreur. Le cinéma japonais « classique » regorge lui aussi de chefs-d’œuvre qu’il serait dommage d’ignorer. A ce propos, l’actualité cinématographique est bien remplie, avec des films comme Drive My Car, Les Amants sacrifiés ou encore Aristocrats. Alors, pourquoi ne pas aller directement au cinéma pour profiter des productions japonaises ?

Activité n°6 : lire des manga

En fonction de votre niveau, vous serez peut-être en mesure de lire des manga en VO, ou non. Si vous êtes encore néophyte, il n’y a pas de honte : vous pouvez pour le moment profiter des traductions pour vous immerger dans la culture japonaise.

Si vous avez déjà un niveau intermédiaire, des librairies spécialisées commercialisent des manga en VO, dans des magasins physiques ou en ligne. Ce ne sera pas forcément le plus petit budget, mais une série de manga en japonais lue du début à la fin fera s’envoler votre niveau.

Un conseil : lisez en priorité des manga proposant des furigana (prononciation des kanji). La majorité le font, ce ne sera donc pas difficile à trouver.

Activité n°7 : lire des romans japonais, voire directement en japonais

Encore plus que pour les manga, la lecture de romans en VO est une activité difficile d’accès. Là aussi, il n’y a rien de mal à lire une traduction pour découvrir la culture japonaise. C’est déjà un énorme plus.

Les auteurs japonais traduits en français ne manquent pas, comme Yukio Mishima ou Haruki Murakami. Pour voyager un peu au Japon cet été, je peux vous recommander le roman Musashi d’Eiji Yoshikawa, publié en France en deux tomes : La Pierre et le Sabre et La Parfaite Lumière. Il vous fera découvrir un portrait romancé mais minutieux de la société du XVIIe siècle.

Si votre niveau le permet, vous pouvez passer à l’étape supérieure et ressentir le frisson de la lecture en VO. Pour démarrer en douceur, je vous conseille de passer en priorité par les livres bilingues comportant des notes de vocabulaire et de grammaire. Appelés graded readers, ces ouvrages font partie des meilleures ressources pour commencer à lire en japonais.

Lire des romans japonais : loin d’être facile quand on est débutant !

Activité n°8 : lire des livres sur le Japon ou des revues spécialisées

Une langue s’apprend en même temps que l’on découvre sa culture. Le japonais ne fait évidemment pas exception. Pour mieux comprendre la société japonaise, vous pouvez vous tourner vers des ouvrages sur le sujet, comme le très (im)pertinent Les leçons du Japon, de Jean-Marie Bouissou.

Autre possibilité : les revues spécialisées sur le Japon. Elles vous offriront un aperçu du monde dans lequel vivent les Japonais. On peut notamment citer les très recommandables Koko et Tempura, disponibles en kiosque, en librairie ou encore en ligne.

Activité n°9 : jouer à des jeux vidéo en japonais

On ne va pas se mentir : nous sommes nombreux à avoir découvert la culture japonaise à travers les jeux vidéo. Il n’y a aucun mal à cela : ils restent un excellent moyen d’apprendre le japonais à la maison.

Si ce n’est malheureusement pas systématique, la plupart des jeux vidéo proposent désormais le choix de la langue, au moins pour les voix, de plus en plus souvent pour les textes. Une petite astuce : dans certains cas, la version japonaise est « cachée ». Il suffit généralement de passer votre console dans cette langue pour avoir accès à la version originale.

Dans un premier temps, vous pouvez vous contenter des voix en japonais avec des sous-titres en français. Par la suite, vous pourrez opter pour des jeux proposant peu de textes. Vous pourrez alors vous servir du contexte pour mieux comprendre ce que vous lisez. Puis viendront les jeux plus « bavards », comme les RPG et les visual novels.

Activité n°10 : aller dans un restaurant japonais

Si vous avez la chance d’avoir un restaurant japonais près de chez vous, pourquoi ne pas y faire un tour ? Ce sera l’occasion de découvrir des plats dont vous ignoriez peut-être l’existence, d’entendre le personnel échanger dans sa langue et d’observer les expatriés japonais qui s’y rendent.

Bien sûr, il est préférable d’aller dans un restaurant authentique, tenu par des Japonais, ou bien, ne soyons pas snobs, par des non-Japonais qui ont à cœur de proposer une cuisine respectueuse des traditions. Les chaînes de sushi ou encore les restaurants proposant le « menu B1 maki-brochettes » ne rentrent pas dans cette catégorie, bien qu’ils puissent être de qualité par ailleurs.

Si vous voulez aller plus loin, vous pouvez même tenter l’aventure de la cuisine japonaise à la maison. Si vous avez la chance d’avoir une épicerie asiatique près de chez vous, ou tout simplement un rayon asiatique dans votre supermarché, vous pourrez préparer les mêmes plats que les Japonais, directement dans votre cuisine.

Activité n°11 : pratiquer un art martial japonais ou un passe-temps lié au Japon

Arrivés en France à partir des années trente, les arts martiaux japonais ont depuis acquis une place de choix dans le paysage sportif. Vous en connaissez certainement plusieurs, comme le judo, le karaté, l’aïkido, le ju-jitsu (qui, au passage, se nomme en réalité jūjutsu), voire le kendo, qui se pratique avec un sabre en bois.

Ces sports ont un double intérêt : vous faire découvrir tout un pan de la culture japonaise, mais aussi vous enseigner un peu de japonais. Certes, il ne s’agit pas forcément des termes les plus utiles dans la vie de tous les jours. Mais certains se retrouvent dans le langage courant, comme les parties du corps.

si la castagne n’est pas votre tasse de thé, il existe une myriade d’activités culturelles liées au Japon : l’origami, l’arrangement floral (ikebana), la cérémonie du thé (sadō)… Si vous avez la chance d’en avoir une près de chez vous, n’hésitez pas à franchir le pas !

Les arts martiaux japonais, toujours populaires en France et plus largement en Occident.

Activité n°12 : regarder des vidéos sur le Japon

Pour finir, vous pouvez tout à fait regarder des vidéos tournées au Japon, qui vous fourniront un aperçu de ce pays. Bien sûr, cela ne remplacera jamais le fait d’y être vous-même. Mais vous pourrez y trouver des idées de choses à faire, repérer des lieux et vous en inspirer pour votre futur voyage.

Les chaînes YouTube francophones, anglophones, voire japonophones sur le sujet ne manquent pas. J’avais d’ailleurs réalisé de nombreux vlogs et vidéos directement au Japon pour mon autre site, Le Monde des Langues.

Un exemple de vlog tourné à Sapporo, à l’occasion du Yuki matsuri (festival de la neige).

Apprendre le japonais à la maison : aucune limite !

Dans cet article, je vous ai proposé une poignée d’activités qui vous permettront d’apprendre le japonais à la maison, de façon tout aussi efficace que si vous vous trouviez au Japon. La fermeture des frontières est tout sauf une excuse pour ne pas passer à l’action. C’est même l’occasion idéale pour « prendre votre revanche » et atteindre un excellent niveau en vue de votre futur séjour.

Et vous, quelles activités pratiquez-vous pour apprendre le japonais à la maison en attendant la réouverture des frontières japonaises ? Faites-nous-en part dans les commentaires !


Pierre


Je suis le créateur de Ganbare. Polyglotte et passionné par la culture japonaise, j'ai décidé de mettre à votre service mes meilleures méthodes pour apprendre le japonais.


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  • Très bons conseils d’activité, dans l’ensemble (en particulier l’activité dite « numéro 1 », effectivement très importante). Je me permets de compléter certaines éléments, en restant dans les possibilités légales (je ne parlerai pas ici des alternatives « non officielles » – pour ne pas dire « illégales », bien qu’elles soient très intéressantes également) :

    – lecture : Concernant les romans, si comme moi on s’intéresse aux romans anciens devenus « libres de droit », je ne peux que conseiller le site Aozora Bunko (et son pendant Aozora Roudoku pour les livres audio), vraie mine d’or si on s’intéresse un tant soit peu aux romans du début du XXème siècle par exemple, qu’on peut ainsi lire gratuitement et légalement. Autrement, si on veut lire des articles de fond en japonais, mis à part chercher des sites japonais sur des sujets qui nous intéressent, je ne peux que conseiller de fouiller le Wikipedia japonais (par exemple, si on s’intéresse à tel sujet, on peut d’abord chercher l’article Wikipedia en français ou dans une autre langue comme l’anglais, puis cliquer sur le lien qui mène à l’article en japonais). A compléter avec une extension navigateur du type « 10ten Reader » pour lire les définitions des kanji et mots de vocabulaire qu’on pointe à la souris.

    – jeux vidéo : Effectivement, le jeu vidéo actuel permet assez facilement d’accéder aux jeux en version originale, sur PC comme sur console. Toutefois, il faut veiller à bien se renseigner en amont sur les jeux qui proposent réellement la version japonaise. Sur Switch par exemple, un bon moyen consiste à aller sur la page Nintendo française officielle du jeu qui indique les langues disponibles, même si on peut toujours tomber sur une ou deux fâcheuses exceptions. Sinon, avec des consoles dézonées (en tout cas, c’est le cas sur Switch), on peut aussi importer des jeux japonais sans trop se ruiner. Autrefois, si comme moi on s’intéresse aux vieux jeux des années 80, un moyen légal d’y accéder est un site comme « Project EGG » (Amusement Station) qui permet d’acheter en dématérialisé (les cartes de crédit étrangères sont acceptées depuis quelques années) de vieux jeux émulés, et pour la plupart, des jeux micro-ordinateurs japonais jamais sortis hors du Japon (je m’en sers pas mal).

    – films : effectivement, les plateformes actuelles de téléchargement permettent d’accéder à quantité de films et séries doublées et sous-titrées en japonais. Si, toutefois, on est attaché au support physique, le Japon se situe dans la même « zone 2 » que nous pour les DVD, donc on peut très bien les importer. Hélas, pas pour les Blu-Ray : nous ne sommes plus dans la même zone, donc nous ne pouvons pas les visionner avec des lecteurs Blu-Ray européens (du moins, « officiellement »).

    Autrement, en dehors des chaînes Youtube (et peut-être aussi les vidéos de l’équivalent japonais NicoNico Video ou ニコニコ動画, mais je connais très mal), les podcasts sont également très recommandables pour accéder à du contenu en japonais. Aussi bien des podcasts gratuits que des podcasts payants. Concernant la radio en revanche, je ne sais pas comment ça se passe.

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