10 conseils simples pour apprendre les kanji

Publié par Pierre, le 4 mai 2023

Temps de lecture :  minutes


Les kanji sont sans aucun doute la composante la plus terrifiante du japonais. A juste titre : la perspective de devoir apprendre des milliers de caractères pour ne serai-ce qu’arriver à lire un texte a de quoi donner des sueurs froides. Des livres entiers ont été écrits sur ce thème, mais il serait plus malin d’adopter la démarche inverse en revenant aux bases. Dans cet article, vous trouverez donc 10 conseils extrêmement simples pour apprendre les kanji, même si vous y êtes a priori allergique.

Les kanji, un pari impossible ?

Lorsque j’entends des personnes n’ayant jamais appris le japonais s’exprimer au sujet de cette langue, une remarque revient presque invariablement : « Il est impossible de maîtriser le japonais si on ne l’a pas appris dans son enfance, car il y a trop de caractères et ils sont de toute façon trop complexes. »

Vous vous en douterez, je n’accorde pas beaucoup de crédit à cette thèse. Non seulement elle ressemble bigrement à une bonne excuse pour ne pas se lancer, mais elle peut aussi décourager les nouveaux venus. Disons-le franchement : il est tout à fait possible d’apprendre les kanji. Mieux : cette activité peut même devenir relativement facile, à condition de s’en donner la peine.

Un long chemin

Je préfère présenter l’apprentissage des kanji comme un long chemin. Car, oui, il faut du temps pour venir à bout des 1 945 jōyō kanji, soit la liste officielle du ministère de l’Education, encore plus pour retenir leurs différentes prononciations. Vous devrez donc faire preuve de patience et accepter de ne pas tout comprendre, tout de suite. Ne perdez pas de vue que les Japonais eux-mêmes peuvent ne pas savoir lire ou tracer certains caractères rares !

Après plusieurs années passées à me bagarrer avec les kanji, je peux vous livrer quelques astuces de bon sens pour vous faciliter la vie. Les voici.

Conseil n°1 : commencez le plus tôt possible

Certaines méthodes ont tendance à « protéger » les apprenants, en repoussant le plus possible l’acquisition des kanji. Cette démarche est compréhensible, mais en voulant rassurer, elle a surtout pour effet de retarder votre progression.

Mieux vaut donc commencer à apprendre les kanji le plus tôt possible, une fois que vous serez venu à bout des hiragana, puis des katakana. Vous avez tout intérêt à respecter cet ordre pour deux raisons : tout d’abord parce qu’une aide à la lecture est souvent fournie sous la forme de furigana, de petits hiragana qui viennent préciser la prononciation d’un kanji. Ensuite parce que les différentes lectures d’un kanji sont données soit en hiragana (pour la lecture kun), soit en katakana (pour la lecture on). Si le concept de lectures est encore mystérieux, j’en parle dans cet article.

Les kanji font partie intégrante de la langue japonaise, il est donc tout naturel de les attaquer sans plus attendre.

Conseil n°2 : ayez les bonnes priorités

Lorsque vous faites vos premiers pas, un travail de tri s’impose. N’allez pas vous frotter inutilement à des kanji rares et complexes, comme celui de la dépression et ses 29 traits (鬱), qui risquerait effectivement de vous mettre en dépression. A la place, concentrez-vous sur les plus courants, que vous retrouverez dans des noms et verbes de la vie quotidienne, comme 人 (être humain), 時 (temps, heure) ou encore 食 (manger, nourriture).

Vous ne pouvez pas vous tromper en choisissant des kanji estampillés JLPT 5 voire JLPT 4, qui correspondent aux deux niveaux de base de l’examen de référence, le Japanese-Language Proficiency Test, ou JLPT.

Vous pouvez d’ailleurs suivre la page Instagram de Ganbare, sur laquelle je publie un kanji niveau débutant chaque lundi, comme celui-ci :

Conseil n°3 : faites-en un peu chaque jour

Inutile de vous précipiter : mémoriser les kanji ne se fait pas en un claquement de doigts. Ce n’est pas une course de vitesse, mais une course de fond. Résistez donc à la tentation d’ingurgiter des dizaines de caractères en une fois, vous finiriez par vous dégoûter rapidement de cette activité.

A la place, apprenez simplement un ou plusieurs kanji chaque jour, tout en prenant le temps de réviser les précédents, pour les consolider dans votre mémoire. Ne perdez pas de vue qu’il suffit d’en ajouter ne serait-ce que deux quotidiennement pour en connaître 730 au bout d’un an. C’est loin d’être négligeable !

Pour ce faire, vous pouvez utiliser un logiciel de répétition espacée comme l’excellent Anki, sur lequel nous reviendrons dans un prochain article.

Conseil n°4 : attention à l’ordre des traits

Voici un point sur lequel on peut être tenté de faire l’impasse : le tracé des kanji. Chaque caractère possède un ordre des traits officiels, qu’il convient de respecter. Cette contrainte peut vite être évacuée si on la considère comme une sophistication superflue. Après tout, on peut bien tracer les lettres de l’alphabet latin comme on le veut, non ? Alors pourquoi en irait-il autrement des kanji ?

Si le raisonnement se tient, apprendre les caractères sans leur tracé vous fait passer à côté de certains bénéfices :

  • Dans les dictionnaires, les kanji sont classés par nombre de traits. Par exemple, savoir que 食 en comporte 9 vous aidera à le trouver plus facilement ;
  • Il existe des applications extrêmement pratiques, qui vous permettent de tracer un caractère sur l’écran de votre téléphone. Si vous ne connaissez pas l’ordre des traits, impossible d’utiliser cette précieuse fonction !
  • L’ordre des traits vous offre l’occasion d’avoir une jolie écriture manuscrite. Pourquoi vous en priver ?

Dans votre apprentissage, vous pouvez vous appuyer sur une méthode ou un site qui montre comment dessiner les caractères.

Voici dans quel ordre et dans quelle direction tracer les 9 traits qui composent le caractère 食 (source).

Notez que certains dictionnaires comme le Wiktionary peuvent indiquer deux tracés : un chinois et un japonais. En principe, les caractères chinois et japonais s’e tracent’écrivent de la même façon, mais des exceptions existent, comme avec le caractère 田.

Dans tous les cas, il existe des règles régissant le tracé des kanji : par exemple, on dispose généralement les traits de haut en bas et de gauche à droite, les éléments horizontaux avant les éléments verticaux, etc.

Il n’est pas obligatoire de connaître ces règles par cœur : à force de tracer des kanji, vous finirez par aiguiser votre œil et deviner facilement l’ordre des traits.

Conseil n°5 : adoptez l’approche « Lego »

Si les Lego sont sans doute les meilleurs jouets au monde, c’est parce qu’ils se présentent sous la forme de briques modulables, que vous pouvez combiner pour former à peu près tout ce que vous avez en tête. Bonne nouvelle : les kanji se présentent plus ou moins de la même façon.

Il est ainsi possible de combiner plusieurs kanji pour n’en former qu’un seul. Par exemple, le kanji 休 qui a le sens de « repos », est constitué d’une version modifiée du kanji 人 (être humain) et du kanji 木 (arbre). On peut donc facilement se figurer l’image d’un homme se reposant contre le tronc d’un arbre.

Un autre exemple célèbre : le kanji 木 représente un arbre seul. 林, qui s’écrit en redoublant le caractère, symbolise un bosquet ou un petit bois. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que 森 représente une forêt toute entière.

Certains kanji peuvent aussi être une version modifiée d’un autre caractère. Par exemple, « eau » s’écrit 水 et « glace » 氷, avec un petit trait en haut à gauche. Nous verrons dans un prochain paragraphe comment fonctionnent ces combinaisons.

Les kanji : des Lego bien pratiques !

Conseil n°6 : utilisez le pouvoir de la mnémotechnique

Le cerveau humain est une machine fascinante, dont les capacités de mémorisation ont de quoi étonner. Pour en tirer pleinement parti, rien ne vaut la mnémotechnique, soit des associations d’idées. Lorsque vous découvrez un nouveau kanji, vous avez donc tout intérêt à imaginer une petite histoire, qui le rendra plus frappant dans votre esprit.

Pour les caractères les plus simples, cette image peut être évidente, comme l’homme se reposant contre un arbre du kanji 休. Autre exemple : le kanji 吐 a le sens de « cracher, vomir ». Lorsqu’on sait qu’il se compose des éléments 口 (« bouche ») et 土 (« terre »), on se figure vite un personnage en train de cracher (ou vomir !) de sa bouche (口) jusqu’au sol (土).

Parfois, le sens d’un kanji peut être plus compliqué à lire. Par exemple, « pigeon » s’écrit 鳩 (hato), qui combine les caractères 九 (« neuf ») et 鳥 (« oiseau »). Cette idée de « neuf oiseaux » peut sembler incongrue si on ne connaît pas l’étymologie chinoise de ce caractère. Qu’importe : vous pouvez imaginer un groupe de neuf pigeons perchés sur un bâtiment pour retenir le kanji 鳩.

Ces images, bien plus impactantes qu’un simple kanji pris hors contexte, constitueront une aide inestimable dans votre travail de mémorisation. A vous de faire fonctionner votre imagination pour créer des moyens mnémotechniques qui fonctionnent pour vous.

Conseil n°7 : employez les bons outils

Comme dirait le proverbe, les bons outils font les bons ouvriers. Vous avez de la chance, les outils de qualité ne manquent pas pour apprendre les kanji. En voici une sélection.

Les livres pour apprendre les kanji

Côté livres, je peux vous en proposer deux. La première est l’indémodable Les kanjis dans la tête d’Yves Maniette. Longtemps resté épuisée, donc introuvable, cette méthode a été rééditée en 2019. Elle se base sur l’approche « Lego » et les associations d’idées que nous venons de voir, pour rendre les kanji plus aisés à mémoriser.

L’autre incontournable est le fameux Kanji et kana. Bien connu des étudiants en japonais, ce manuel aborde les kana (hiragana et katakana) mais constitue surtout un dictionnaire des kanji.

Outre ces deux références, j’ai eu de très bons retours sur le Kanji kakitai !. Je ne l’ai toutefois jamais eu entre les mains.

Une autre ressource utile sans forcément être indispensable peut être un cahier d’écriture, pour apprendre à tracer vos premiers caractères en suivant un modèle. Assimil propose un cahier d’écriture des kanji à un tarif raisonnable, il serait dommage de vous en priver.

Les applications mobiles

Outre les livres, vous pouvez ajouter des applications mobiles à votre arsenal. Elles se divisent en deux catégories.

Vous aurez tout d’abord besoin d’une application de répétition espacée, pour mémoriser et réviser chaque jour des kanji. Vous pouvez par exemple utiliser Anki que nous avons vu plus haut, mais aussi MosaLingua ou encore Memrise. Je connais également WaniKani, l’appli de l’excellent site Tofugu, mais je n’ai jamais eu l’occasion de me forger un avis dessus.

Sur votre téléphone ou tablette, vous aurez également besoin d’un dictionnaire des kanji, ou tout simplement d’un dictionnaire de japonais. Sur Android, j’utilise Akebi, tandis que les utilisateurs d’iOS plébiscitent Nihongo. Vous pouvez également tester Aedict3 (Android), Japanese (Android et iOS) ou encore imiwa? (iOS). Ces dictionnaires présentent un immense avantage : grâce à l’interface tactile de votre appareil, vous pouvez tracer directement un kanji pour le rechercher. Une fois qu’on y a pris goût, il est difficile de revenir à un dictionnaire papier.

Un exemple avec le dictionnaire Akebi et le kanji 食.

Il existe évidemment des dictionnaires des kanji en ligne, comme celui-ci. Les dictionnaires de japonais en ligne, plus généralistes, proposent également des entrées spécialement pour les kanji, à l’image du Wiktionary ou de Jisho.

Pour finir, abordons le cas délicat des dictionnaires électroniques de japonais. S’ils présentent un charme rétro indéniable, il est difficile de les défendre à l’heure des applications mobiles. Leur seul avantage réside dans la possibilité d’y intégrer des dictionnaires très pointus ; une considération à des années-lumière des besoins de quelqu’un qui veut s’initier aux kanji.

Un exemple de dictionnaire électronique proposé par Casio (source).

Conseil n°8 : apprenez les lectures en contexte

A l’époque où j’étudiais le finnois à l’INALCO, une fac de langues à Paris, j’entendais mes camarades de japonais évoquer les kanji qu’ils devaient apprendre par cœur avec leurs différentes lectures. Pour rappel, les lectures sont les prononciations d’un kanji, qui peuvent provenir du japonais (lectures kun) ou du chinois (lectures on).

Mémoriser les kanji avec leurs lectures correspond à ce que j’appellerais l’approche « marche ou crève ». Elle m’a toujours semblé improductive, car décontextualisée. Cette façon de faire présente deux problèmes de taille. Tout d’abord, comme nous l’avons vu plus haut, un contexte fort facilite la mémorisation. Ensuite, certains kanji possèdent de nombreuses lectures, qui n’interviennent que dans de rares cas. Chercher à toutes les retenir est donc aussi difficile que chronophage.

Prenons par exemple les différentes lectures du caractère 上, qui a le sens de « haut » :

Certaines sont très courantes, tandis que d’autres n’apparaissent que rarement, par exemple dans des noms de lieux (les lecture dites « nanori »). Par conséquent, de la même manière qu’il est essentiel d’apprendre en priorité les kanji les plus usités, vous avez tout intérêt à repérer les lectures les plus fréquentes.

Des mots plutôt que des kanji

Je vous recommande donc d’apprendre les lectures des kanji au fur et à mesure, en les rencontrant dans des mots. Pour illustrer ce point, reprenons notre caractère 上.

Sa lecture kun (donc d’origine japonaise) la plus répandue est うえ (ue). Vous la trouverez fréquemment dans l’expression …の上 qui signifie « sur », « en haut de » ou au-dessus de », comme dans cette phrase :

机のに鍵がある。
(tsukue no ue ni kagi ga aru.)

Il y a une clé sur la table.

En parallèle, on retrouve le caractère 上 avec le lecture on (donc d’origine chinoise) じょう () dans de nombreux mots. L’un des plus connus est certainement 上手 (zu), « adroit, doué, habile », mais on trouve aussi 上級 (kyū), « niveau supérieur » ou encore 上司 (shi), « patron, supérieur hiérarchique ». A force de voir revenir cette lecture, vous finirez par l’intégrer de manière naturelle.

Puis viendront des prononciations plus rares, comme la lecture kun かみ (kami), qui indique la position d’un lieu par rapport à un cours d’eau, à l’image de Kamifurano (富良野). Ou encore, うわ (uwa), comme dans 辺 (uwabe), « surface, aspect extérieur ».

Pour rendre la chose plus frappante, précisons qu’il existe trois sens différents pour le mot 上手, avec trois lectures différentes des kanji.

Lecture de 上手

Sens

jōzu (on)

doué, habile

kamite (kun)

côté cour (théâtre), amont (d’une rivière)

uwate (kun)

doué, amont, prise de sumo

Pour conclure sur ce point : apprenez avant tout des mots, pas des kanji isolés. J’imagine que cet avis me vaudra un découpage en sashimi de la part des puristes, mais retenir des lectures seules n’a aucun sens. Rappelons que la finalité de votre apprentissage est d’être en mesure de lire et écrire des mots pour maîtriser le japonais, pas de régurgiter des kanji comme une bête de foire.

Conseil n°9 : repérez les kanji homophones

A force de voir revenir des kanji dans des mots, vous finirez par en déduire leurs différentes prononciations. Mais il est possible d’aller encore plus loin : vous remarquerez que certains kanji similaires possèdent la même lecture on (issue du chinois).

Par exemple, les kanji 青, 清, 精 et 晴 partagent tous l’élément 青 et peuvent se prononcer sei. Ou alors, les caractères 生, 性, 星 et 姓 ont en commun l’élément 生 et peuvent eux aussi se prononcer sei.

Sans entrer dans des détails trop techniques, ce phénomène trouve son origine dans le chinois. En effet, les caractères chinois (ou sinogrammes) sont généralement composés de deux éléments : l’un qui porte le sens, l’autre qui donne la prononciation. Comme la plupart des kanji proviennent directement du chinois, avec une version « japonisée » de leur prononciation d’origine, cette particularité se retrouve en japonais.

C’est d’ailleurs pour cette raison que 鳩 (« pigeon ») comporte l’élément 九 (« neuf »). En chinois ancien, le sinogramme 鳩 pouvait se prononcer comme 九, ku. Remarquez d’ailleurs qu’en japonais moderne, 鳩 et 九 peuvent se prononcer de la même façon, soit kyū.

Cette similitude au niveau des lectures pourra vous aider à deviner la prononciation d’un kanji, donc gardez ce principe en tête. Il n’est cependant pas systématique et il existe de nombreuses exceptions. Prenons le caractère 寺, qui se prononce ji. On trouve également 時 et 持 qui peuvent effectivement se prononcer ji, mais 詩 qui se prononce shi.

Conseil n°10 : apprenez les radicaux

Cette vision des kanji par éléments nous amène au cas des radicaux, appelés 部首 (bushu) en japonais. Il s’agit de « morceaux » de kanji, qui précisent leur sens. Sur ce point, j’ai un avis nuancé. D’un côté, il est intéressant de les connaître, de l’autre, je vous déconseillerais de les apprendre absolument par cœur.

Néanmoins, une poignée de radicaux sont extrêmement fréquents, les mémoriser vous facilitera donc grandement la tâche. Par exemple, 水, le kanji de l’eau, apparaît sous forme combinée dans un grand nombre de mots. Ainsi, 水 + 丶 (lequel existe uniquement sous forme de radical) = 氷, « glace ».

Les radicaux peuvent d’ailleurs prendre une forme différente en fonction de leur emplacement au sein d’un kanji. Le radical 水 devient 氵 quand il se trouve sur la gauche d’un kanji, comme dans 活, mais il peut aussi avoir la forme 氺, comme dans 桼. Le kanji 漆 (« laque ») combine d’ailleurs ces deux formes du radical de l’eau, 氵 et 氺 !

Voici quelques-uns des radicaux les plus fréquents dans les kanji japonais, avec leurs formes composées si elles existent :

Sens

Kanji de base

Forme composée

Eau

氵 / 氺

Etre humain

Main


Arbre

Cœur

忄 / 㣺

Bouche

La connaissance des radicaux présente d’autres avantages, comme le fait de pouvoir rechercher un kanji dans un dictionnaire en fonction de son radical. Cela étant dit, je ne recommande pas forcément de les apprendre par cœur. Comme pour les lectures, on a vite fait de se perdre dans un savoir encyclopédique et décontextualisé, qui n’aide pas à réellement lire et écrire le japonais.

Apprendre les kanji : tout le monde peut y arriver

Si les kanji peuvent représenter un obstacle insurmontable, sachez dans tous les cas que cette sensation est normale : ils sont à mille lieues de la manière dont le français envisage l’écriture. Les Japonais baignent dedans depuis l’enfance et acquièrent donc à un âge précoce la logique sur laquelle se fondent ces caractères. Néanmoins, en tant qu’adolescent ou adulte francophone, rien ne vous empêche d’acquérir cette logique, pour retenir un nombre toujours plus grand de caractères, jour après jour.

Grâce aux quelques conseils présentés dans cet article, vous avez à présent toutes les cartes en main pour apprendre les kanji sans avoir le cerveau qui surchauffe. 頑張ってください!


Pierre


Je suis le créateur de Ganbare. Polyglotte et passionné par la culture japonaise, j'ai décidé de mettre à votre service mes meilleures méthodes pour apprendre le japonais.


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Laissez-nous un commentaire

  • Merci pour ce très bon article.

    Concernant la lecture かみ (« kami ») du kanji 上, je l’ai apprise grâce à la famille de verbes appelée 上一段 (« kami ichidan »), qu’on appelle souvent en occident « verbes du 2nd groupe en iru ». De la même façon, j’ai appris la lecture しも (« shimo ») du kanji 下 via les 下一段 (« shimo ichidan »). Par la même occasion, j’ai appris pourquoi ils se nomment ainsi : quand on écrit l’alphabet (ou syllabaire) des kana de manière traditionnelle, c’est-à-dire à la verticale, ceux ayant le son [-i] se situent « au-dessus » (de ceux ayant le son [-u]), d’où le kanji 上, tandis que ceux ayant le son [-e] se situent « en-dessous » (de ceux ayant le son [-u]), d’où le kanji 下 (et même chose pour les familles archaïques 上二段 et 下二段 du japonais classique ou 古文 – kobun). Par contre, je ne connaissais pas encore la lecture うわ du kanji 上.

    L’approche « Lego » est évidemment très recommandable. Pour reprendre l’exemple du kanji 鬱 de la dépression, on identifie plusieurs parties plus ou moins récurrentes dans d’autres kanji :

    – une partie du radical du sel : 鹵
    – la « boîte » : 缶
    – l’arbre : 木
    – le « 3 » ou « cheveu » : ミ
    – le radical du « toit » : 冖

    A un moment donné, même ce kanji ne pose plus de problème.

    Concernant le conseil n°9, c’est un aspect que je trouve trop souvent sous-estimé dans l’apprentissage des kanji : le fait d’avoir une idée d’une prononciation ON d’un kanji, malgré les exceptions, ça aide beaucoup à mémoriser d’autres kanji et en particulier certaines lectures.

    Par contre, je nuancerais votre avis nuancé sur les radicaux dans votre conseil n°10. Evidemment que je ne conseille pas non plus d’apprendre les radicaux de manière exhaustive et surtout décontextualisée. Mais j’ai envie de dire que c’est comme pour les différentes lectures des kanji : en apprenant plusieurs kanji (en contexte, bien sûr), on finit par acquérir leurs radicaux qui, à leur tour, vous nous être d’une grande aide pour mémoriser d’autres kanji complexes qui en sont constitués.

    Il faut même aller plus loin que simplement apprendre les radicaux sémantiques : je conseille également d’avoir une approche progressive, pas à pas, où on essaie de retenir des kanji qui servent à leur tour de radicaux sémantiques ET de radicaux phonétiques (dans cette famille de kanji qu’on peut qualifier « d’idéophonogramme » ou 形声文字 – keiseimoji). Quelques exemples :

    – J’apprends à écrire les kanji 五 (chiffre 5) et 口 (bouche) : avec ça, je peux écrire très facilement le kanji 吾 (certes, ce n’est pas un « Jouyou Kanji », mais bon, je suis tombé dessus dans quelques jeux vidéo et dans le roman « Je suis un chat », sous la forme du mot 吾輩). Ensuite, connaissant 吾, mais aussi les kanji 言 (« dire ») et le radical du coeur (心), on apprend à écrire super facilement 語 (« langue ») et 悟 (« illumination »).

    – J’ai appris à écrire le kanji du cerf (鹿), le kanji (certes « pas Jouyou ») 其 (lecture « ki »), et même le radical phonétique « rin » 粦 (qu’on trouve dans un kanji comme celui du « voisin » 隣). Et bien, même un mot « horrible » (avec des kanji pas du tout « Jouyou ») comme 麒麟 (désignant une sorte de « licorne chinoise », si on veut) devient « super facile » à écrire, avec la lecture « kirin » qui devient également naturelle grâce à ces composantes phonétiques des deux kanji.

    En fait, passé le stade « débutant », et si on désire apprendre à écrire les kanji, certains kanji me semblent prioritaires pour en apprendre l’écriture, à savoir ceux qui sont impossibles à décomposer davantage et servent de radicaux à d’autres kanji (ce sont essentiellement les « pictogrammes » comme 車 et quelques « idéogrammes » comme 上). On peut d’ailleurs les regrouper en plusieurs « familles » :

    – les 7 jours de la semaine : 5 éléments chinois + soleil + lune ;
    – les animaux et certains végétaux (oiseau, cheval, chien, cochon, mouton, insecte…) ;
    – le corps humain (main, pied, langue, tête, oeil…) ;
    – la nature (montagne, rivière, pluie…) ;
    – l’homme (personne, femme, enfant, mère, père…) ;
    – les créations humaines (champ, voiture, katana, hache, lance, assiette, bateau, flèche…) ;
    – les concepts abstraits (temps, haut, bas, manque, sortie, entrée…) ;
    – verbes fondamentaux (aller, manger, dire, regarder…).

    Et par une sorte « d’effet poupée russe », les premiers kanji formés par ces « kanji fondamentaux » ci-dessus, servent à leur tour de « briques » pour retenir très facilement des kanji toujours plus complexes. Il y a donc vraiment une sorte d’ordre logique pour optimiser la chose, je trouve : du plus simple au plus compliqué.

    Quand on commence à atteindre un stade « début intermédiaire », je trouve que cette approche m’a éééénormément aider à savoir écrire, et donc à mémoriser des tas et des tas de kanji.

  • おめでとうございま、Ganbare ! 🍾
    Et merci pour cet article passionant.
    Bonne continuation !

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